Depuis La Jeune fille de l'eau en 2006, M. Night Shyamalan en avait fini avec ses fameux twists-endings laissant bouche bée, il réitère l'expérience avec Phénomènes deux ans plus tard, laissant place à l'intrigue pure et dure. Ici, nous sommes donc face à une histoire fantastique intéressante : une vague importante de suicides inexpliqués qui a l'air de toucher ses victimes par le biais du vent. S'en suit donc une lutte pour la survie auprès d'une bande de personnes tout à fait lambda, se regroupant pour tenter d'échapper à ce mystérieux phénomène...
Comme à son habitude, Shyamalan imagine une superbe histoire fantastique tout droit sortie de son imagination, exposant une théorie comme quoi la nature pourrait un jour tout simplement se révolter contre les hommes, peu soucieux de l'écologie. Si le pitch s'avère en soi tiré par les cheveux, il n'en reste pas moins une brillante idée de scénario, hélas ici très mal géré. Car si cela pouvait tenir sur papelard, cette intrigue est bien moins réussie mise à l'écran, surtout avec une telle ribambelle d'acteurs aussi peu convaincants...
Le toujours aussi peu impliqué Mark Walhberg peine à s'imposer en leader aux côtés d'une Zooey Deschanel sacrément mal dirigée. Seuls l'excellente Betty Buckley et le sous-estimé John Leguizamo s'en tirent bien malgré leurs rôles ambigus. De plus, avec un rythme très inégal, certaines scènes s'avère trop vite expédiées tandis que d'autres stagnent et tournent en rond. Quant au final tant attendu pour un film de Shyamalan, il laisse finalement marbre, devenant presque prévisible, un comble pour un film de l'ex-maitre du twist-ending.
Pour agrémenter son film de termes complexes rimant ici avec le n'importe quoi, ce dernier a rajouté quelques passages éreintants comme la fameuse "scène du tiramisu" (hilarante, vous comprendrez par vous-même) ou encore celle où Julian fait sa devinette mathématique... À la manière d'un Stephen King, le metteur en scène indien met en scène un groupe de personnages plus ou moins soudés, liés malgré eux par les évènements, cependant ici assez mal travaillés. Restent donc de ce Phénomènes inégal une bon pitch de base, une réalisation soignée et des scènes de suicide particulièrement réussis, en particulier l'époustouflante scène d'introduction.