Après avoir doucement somnolé devant Signs et Le Village, je commençais à me dire qu'en dépit de son très bon "Sixième Sens", j'en avais assez de laisser le bénéfice (de pute) du doute à Shyamalanalimalan.
Mais comme beaucoup, je me suis laissé aguicher par la bande annonce prometteuse de Phénomène et le bilan est mitigé.


> Pourquoi c'est sympa ?

La réalisation de Phénomène tient la route, dans l'ensemble. C'est plutôt bien filmé, la direction photo est correcte ; en revanche, Night se met à ramer quand il essaye de susciter l'émotion et on oscille alors entre la perplexité et le face-palm. J'y reviens bientôt.

A mes yeux, c'est surtout pour la force de son idée de base et de son scénario que vaut Phénomène. L'idée de ce fléau invisible, imprévisible et son expansion aussi rapide qu'incoercible a de quoi faire froid dans le dos, d'autant que la façon dont il emporte ses victimes est assez flippante, et bien représentée dans le film. On ne peut que s'imaginer dans ce genre de situation et se demander de quelle manière exactement on y succomberait.

Un peu comme dans Signs, les personnages sont isolés et même si l'ambiance est moins confinée, ça se finit un peu en huis-clos. Coupés du monde et des informations, ils n'apprennent l'ampleur de la catastrophe que par de ponctuels flashs infos, des coups de fils ou des témoignages de survivants affolés et la tension monte doucement, avec une certaine efficacité. A ce titre, la très bonne scène du "carrefour" (des survivants arrivent de toutes les directions d'un croisement de route, et tous viennent de zones sinistrées) en est un bon exemple. De même, certaines scènes de suspens touchent au but et parviennent même à créer de jolies paranoïa.


> A quel moment ça part gravement en couilles ?

Shyamalan dérape quand il essaye d'écrire des personnages, comme s'il lui était impossible de sortir des stéréotypes grossiers ou des caricatures de "gens bizarres".
On se traine donc un prof de math amoureux de statistiques, un couple de bouseux complètement chelous qui parlent aux plantes, une vieille mégère ermite horriblement creepy et l'épouse du héros qui fait sa Summer *J'ouvre super grand les yeux pour avoir l'air bizarre* Glow et dont on ne comprend finalement jamais le fonctionnement.

J'avais dis que j'y reviendrais : Night essaye aussi de susciter l'émotion et se plante magistralement, désamorçant au passage une bonne partie de la puissance dramatique de son film.

-1- Première scène, vue dans la bande annonce : Trois ouvriers sont en train de discuter quand un de leurs collègues s'écrase du haut d'un toit, tout prés d'eux. Les trois s'avancent vers la dépouille disloquée, le visage empli de détresse mais pas un seul ne pense à regarder d'où est tombé le malheureux, ni pourquoi, alors que c'est ce que le spectateur attend clairement. Night veut ménager son suspense et attendra le dernier moment pour lever le nez de sa cam, si bien qu'on aboutit à une scène complètement loufoque dans laquelle 4 ou 5 victimes tombent du toit sans que leurs abrutis de collègues ne daignent regarder ce qui arrive, trop occupés qu'ils sont à surjouer l'angoisse et le désespoir en gros plan.

-2- Second ratage mythique : le quart d'heure émotion entre un père et sa fille. Ces deux personnages accompagnent le couple de héros qu'on suivra pendant tout le film. A un moment donné, environ 30 mn après le début, le père est contraint de quitter le groupe. Une voiture l'attend, il ne peut pas emmener sa fille, il va sûrement y passer, il est déchiré.

Le truc, c'est qu'à ce stade du film, personne n'a pu s'attacher à ce second rôle superficiel qui s'est déjà révélé un peu boulet, en plus d'avoir une sale trogne... alors la scène tombe complètement à plat, et comme si Night l'avait senti venir, il met le paquet pour faire passer la pilule, avec de longues séquences de regards larmoyants, un plan sur deux mains qui se nouent, des répliques pleines d'emphase, une musique bouffie de violons (littéralement) et même un vieux slow-motion au moins aussi incongru que celui de l'hélico de Resident Evil Extinction.


//////// SPOILERS ////////

-3- Dernier plantage épique : Les deux gamins abattus devant la maison barricadée (oui, juste après la chouette scène de la branche d'arbre).
Notre héros, sa femme, leur fille adoptive et deux gamins débiles sont devant une maison et insistent grossièrement pour entrer. Le proprio finit par se lasser et abat un des gamins à coup de shotgun. Ok, c'est une très bonne scène, très percutante, complètement inattendue dans un film américain, j'approuve à 100%. Le héros réagit bien. Il fonce vers le second gamin pour le sauver mais PAF, second frag en pleine ganache.
Et là, ça part en vrille. On a droit à une espèce de scènes de larmes au ralenti où tout le monde a l'air choqué et désespéré en gros plan, alors qu'ils devraient tous se jeter à couvert, s'ils avaient un minimum d'instinct de survie. Je vais gentiment imputer ça à un état de choc mais clairement, le tireur a été sympa de ne pas en profiter pour en allumer trois de plus.
Ezhaac
5

Créée

le 8 juil. 2010

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Ezhaac

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