Enfin vu l’un des films qui squatte le top des listes contenant dans leur titre lacrymal, émotion ou encore tolérance. Une appartenance légitime au genre je raconte une histoire vraie avec des gros sabots, subis mon courroux, tu vas pigner à la fin. Et forcément, quand les images d’archives des dernières minutes accompagnent l’adieu d'un battant sans peur et sans reproche, ange attentionné victime de l’un des plus gros fléaux de la fin du 20ème siècle, la tristesse envahit la bobine, comment pourrait-il en être autrement.
Mais cette tristesse est-elle génératrice d’émotion ? La réponse est plus délicate à fournir. Est-ce que les rouleaux compresseurs narratifs qui y mènent, les prestations maniérées de tous les acteurs sur un chemin formaté par la leçon de morale que toutes ces composantes construisent, ne sont pas surdimensionnés en vu du message qu’ils sont censés servir ? C’est efficace certes, mais l’est-ce suffisamment pour que l’on ait envie d’y revenir, pour que l’on y repense quelques jours, quelques mois, après ? Rien n’est moins sur.
Ce sujet nécessaire n’est-il pas rendu simpliste par l’accumulation des clichés qui le définissent. Tous ces personnages unidimensionnels, y compris celui de Hanks, n’ôtent-ils pas à la démonstration de la dernière heure la puissance de sa banalité ? A savoir que le SIDA fait peur parce qu’il tue et que l’homosexualité était, et est toujours, source de clivages.
Pour le reste, pas grand-chose à dire, et c’est de toute façon la limite de ce genre de film d’où le débat, finalement, est absent. Mise en scène efficace, dont rien ne dépasse, comme c’est le cas des prestations cliniques des différents comédiens à l’œuvre : Hanks joue très bien le malade, son visage poupon n’aurait pu mieux servir la passion innocente qui animait le bonhomme auquel il prête ses traits et Denzel fait du Denzel, donc tout va bien.
Philadelphia fut un film nécessaire. Et il était sans doute impensable de le concevoir autrement qu’en simplifiant à l’extrême son propos. Reste que quand on y cherche un peu plus que le côté polémique de son sujet, on se heurte à un vide manifeste assez pénible.