« Philadelphia » fait parti de ce genre de film qui faut avoir regardé au moins une fois dans sa vie. Véritable plaidoyer pour la tolérance envers les victimes de maladies diverses et contre la discrimination, « Philadelphia » est encore aujourd’hui une œuvre poignante et révoltante.

Basée sur une histoire réelle, cette dernière est simple, ce qui rend le film plus profond, plus humain aussi. La dimension humaine est poussée à son extrême limite, chaque personnage principal est décortiqué au maximum, leur changement (qu’il soit physique ou mental) apparaît alors comme quelque chose de purement réel. L’impression d’assister à une scène de la vie courante est assez troublante, la réalité rejoint la fiction tant les acteurs et la cadre sont bons. Jonathan Demme signe alors un véritable coup de maître, une chose rare dans le cinéma. Les acteurs sont formidables, bien sûr.
Tom Hanks signe sa meilleure performance, même si ses autres rôles dans ses films précédents et suivants sont bons voir excellents (« Seul Au Monde » en particulier), il touche la perfection. Il campe le personnage d’Andrew Beckett, un brillant avocat, qui se fera virer à cause de la maladie qu’il développe, le SIDA. Sa descente aux enfers est longue, très longue, malgré des petits bonheurs simples. Hanks arrive à faire vivre tout ça, d’un seul coup. Ses interventions sont toujours emplies d’une beauté étrange, ses pleurs le sont encore plus. Une aura se développe autour de lui, on ne peut qu’éprouver de l’amitié et de la pitié pour cet homme détruit par la maladie, et par les autres aussi. La scène de la bibliothèque a d’ailleurs un gros impact, l’émotion est si forte qu’elle en devient palpable, on se sent bouleversé et révolté par cette discrimination stupide et injuste. Plusieurs autres scènes provoquent ces ressentiments, le film va droit au cœur. La transformation de Tom Hanks doit être saluée, tant le réalisme est décontenançant. L’acteur se surpasse, il ne fait plus qu’un avec son personnage.

Tom Hanks n’est pas le seul à briller, Denzel Washington est aussi bon. La dimension humaine qu’il apporte à son personnage est superbe. Il interprète un homme qui va voir son regard changé, sa franchise et son enthousiasme sont deux choses qui jaillissent les premières. Mis à part les scènes du procès, on voit le film à travers ses yeux. C’est le maître, il entraîne le spectateur dans un labyrinthe qui aboutira finalement à une issue. Un grand acteur, un excellent rôle.
L’autre acteur qui se fait remarquer est Antonio Banderas, qu’on ne présente plus. Même si il joue un second rôle, son personnage est très touchant, à chaque fois qu’il apparaît, il donne un nouveau souffle de vie (au spectateur et à Andrew Beckett bien entendu, étant donné qu’il interprète son petit ami). « Philadelphia » se coupe en deux parties, qui s’intervertissent tout au long du film. Il y a le procès, et les scènes de vie. Le procès est intense, en partie grâce aux dialogues qui révèlent plus de choses qu’il n’en laisse apparaitre. Certains passages sont croustillants, d’autres revêtent un côté plus sombre où la psychologique est de mise. La neutralité est impossible, le mensonge est haï au plus haut point.
Denzel Washington est excellent, ses interventions arrêtent le temps. Entre malignité et sérieux, il transporte le procès sur ses épaules. Les scènes de vie ne sont pas en reste, étant donné qu’elles sont plutôt rares, elles puisent une force incroyable. Chacune est touchante et révèle un peu plus les personnages (la petite fête qui se finit d’une manière très triste pour Washington, la transfusion pour Miguel, la bibliothèque pour Beckett). Mettre tant de puissance et d’émotion dans ces scènes est incroyable. « Philadelphia » est un très beau film, où les acteurs excellent dans leurs rôles respectifs.

Un film fort sur la vie et la mort. Saluons aussi les superbes musiques de Bruce Springsteen et Neil Young, deux géants du Rock qui apportent encore un très bon point à un film déjà excellent. Malgré ces innombrables qualités, « Philadelphia » n’est pas un chef d’œuvre. Pourquoi ? Car, et c’est toujours un problème, le film est tellement bien accueilli par les critiques qu’on s’attend à quelque chose de fabuleux, d’orgasmique. Personnellement, même si le résultat n’est pas décevant, je m’attendais à quelque chose de plus dramatique. Les larmes viennent souvent, certes, mais… L’éternel problème d’en vouloir trop.
Nikki
9
Écrit par

Créée

le 1 déc. 2013

Critique lue 4.2K fois

20 j'aime

12 commentaires

Critique lue 4.2K fois

20
12

D'autres avis sur Philadelphia

Philadelphia
OkaLiptus
10

Mélancolie, abattement et espoir sur les rues de Philadelphie

Philadelphia est d’abord un plaisir pour les yeux. Agencement naturel et divin dans un écrin de luxe : l’étalonnage vert orange et bleu, la qualité des jeux de lumière ainsi que le grain...

le 12 févr. 2019

47 j'aime

22

Philadelphia
Nikki
9

Sickman.

« Philadelphia » fait parti de ce genre de film qui faut avoir regardé au moins une fois dans sa vie. Véritable plaidoyer pour la tolérance envers les victimes de maladies diverses et contre la...

le 1 déc. 2013

20 j'aime

12

Philadelphia
oso
5

Moralité : n'allez pas au cinéma.

Enfin vu l’un des films qui squatte le top des listes contenant dans leur titre lacrymal, émotion ou encore tolérance. Une appartenance légitime au genre je raconte une histoire vraie avec des gros...

Par

le 30 avr. 2017

17 j'aime

5

Du même critique

My Own Private Idaho
Nikki
7

Use Your Illusion.

La première scène s'ouvre sur un jeune homme à l'air égaré mais sûr de lui, planté au beau milieu de nulle part. Il porte un petit bonnet, couvrant sa coupe blonde rebelle et des habits usés, signe...

le 27 févr. 2014

46 j'aime

7

Blue Ruin
Nikki
5

Les sanglantes aventures du petit gros à tête d'abruti.

"Une merveille !". C'est ce qu'on peut lire en haut de l'affiche. Je reste dubitatif, très dubitatif. Blue Ruin est d'une simplicité effrayante : un homme cherche à se venger, point barre. Les...

le 1 juil. 2014

30 j'aime

15

Simetierre
Nikki
9

The love, then the death.

La lecture de "Simetierre" est éprouvante. Artisan des mots, manipulateur des émotions, Stephen King nous livre ici une oeuvre tellement puissante qu'elle en devient gênante. "Simetierre" aborde le...

le 4 janv. 2014

29 j'aime

3