Difficile de ne pas voir en "The Philadelphia Experiment" (sorti en 1984) une redite de "Nimitz : Retour vers l'enfer" aka The Final Countdown (sorti en 1980) dans lequel, déjà, un bateau militaire américain subissait un voyage temporel malgré lui — il s'agissait d'une tempête électromagnétique et il y avait Kirk Douglas, c'était beaucoup plus orienté guerre, mais globalement les enjeux et les conséquences sont les mêmes. Le film présent s'inspire de théories complotistes selon lesquelles l'armée américaine aurait expérimenté dans les années 40 des techniques d'invisibilisation — ce qui est vrai, mais pas au sens littéral, elle cherchait à rendre invisible les navires aux yeux des radars, pas aux yeux des humains — et en ressort un improbable récit de science-fiction vaseuse dans lequel un bateau participe à une expérience pour le rendre invisible en pleine Seconde Guerre mondiale (je passe les détails pseudo-scientifiques totalement abscons) et se termine par la projection de deux matelots dans le futur, 40 ans plus tard. Le niveau de what the fuck est très élevé, et Stewart Raffill va convertir cette énergie débordante en une romance dégoulinante dans le reste du film, tandis que les deux principaux intéressés cherchent à comprendre ce qui leur est arrivé.
La lourdeur du scénario est effarante, leur découverte de leur futur (l'année 1984) est effroyablement soporifique et pétrie de clichés — il vaut mieux oublier que Carpenter fut producteur délégué sur ce coup. Le protagoniste est une saucisse en chef (Michael Paré) qui peine énormément à rendre son sort intéressant et il sympathise avec la fille qu'il prend otage (et elle avec lui évidemment), interprétée par Nancy Allen (l'officier Anne Lewis dans "RoboCop"). Bref, que des trucs passablement chiants, avec une sauce romantique terrifiante de nullité, qui ferait passer l'épisode Le Vaisseau fantôme de "X-Files : Aux frontières du réel" pour un chef-d'œuvre absolu (l'intrigue est vraiment cousine). Pour achever le spectateur, les effets spéciaux lors des changements d'époque sont d'une laideur atroce, on nous sort la sempiternelle histoire de "oh mon dieu il faut faire ci et ça sinon la Terre sera anéantie", on relève une mini incursion dans l'horreur qui dure un plan et deux secondes (des soldats ont fusionné avec le bateau lors de l'expérience) qui aurait pu durer plus, etc. De l'idée, mais aucune conviction et pas beaucoup de talent.