Un mauvais film que les mélomanes doivent à tout prix regarder
Il n'y a pas beaucoup de films pour lesquels j'hésite entre 3 et 4 et que j'ai envie de revoir. Mais Philharmoniker est un cas particulier. Tourné en 1944 sur un scénario avant tout destiné à faire oublier au public allemand les bombardements et l'approche inéluctable de la défaite totale, Philharmoniker (littéralement Les musiciens de la Philharmonie, sous-entendu de Berlin) est une romance résolument indigente entre un bon aryen, violoniste de son état, et une jolie aryenne, dont l'histoire ne précise pas si elle est bonne.
Seulement voilà, comme il est question de musique et que l'orchestre phare du IIIe Reich a été sollicité pour les nombreuses scènes de concerts, le spectateur va avoir droit en prime à quelques extraits du grand répertoire symphonique allemand avec les plus grands chefs de l'époque. Et c'est là que Philharmoniker fait fort: des symphonies de Beethoven et de Bruckner, Les Préludes de Liszt dirigés par des géants tels que Hans Knappertsbusch, Eugen Jochum, Karl Böhm, sans oublier Richard Strauss lui-même qui dirige une de ses propres œuvres. On peut y admirer pendant quelques secondes sa battue minimaliste.
Manque à l'appel Wilhelm Furtwängler qui aurait absolument refusé d'apparaître dans ce film de propagande. Ce n'est pas trop grave dans la mesure où il existe quantité de témoignages filmés de son art et qu'il en existe justement très peu des chefs précédemment mentionnés.
Autre élément intéressant: de nombreuses scènes se déroulent dans la salle “Philharmonie” qui fut entièrement détruite lors d'un bombardement en 1944, peu après la fin du tournage!
P. S. Le réalisateur allemand Paul Verhoeven, né en 1901 et mort en 1975, n'a aucun lien de parenté avec le réalisateur hollandais du même nom, né en 1935.