Que tout cela est beau et difficile à la fois, comme tout cela sonne juste. Phénoménale Philomena qui plonge, de ses une heure trois quarts durant, dans les tréfonds d’une âme meurtrie en quête de son enfant. La force du film réside certainement, au-delà bien entendu de ses acteurs merveilleux, dans cette façon d’exposer sans condamner, de reconnaître, comprendre et pardonner sans jamais évacuer l’épreuve que ces étapes traduisent. Rarement la religion avait été abordée avec autant de justesse, saisie dans ses paradoxes fondamentaux qui, malgré l’apparente lucidité revendiquée par notre journaliste, offre un réconfort, surtout une foi, à la mère amputée. Portée par la comme toujours sublime composition musicale d’Alexandre Desplat, Philomena est une œuvre humaniste immense qui érige l’intime et ses louvoiements au rang d’œuvre d’art, consacre l’amour et la croyance au rang de dispositions à défendre jour après jour de sorte à ne pas choir dans le pessimisme facile et inerte. Preuve, s’il en fallait trouver une supplémentaire, que Stephen Frears aime ses personnages et l’humanité qu’ils véhiculent sans jamais les juger, preuve qu’il constitue certainement le poète de l’humain saisi dans sa complexité fondamentale. Chef-d’œuvre.