Vous pensiez avoir expérimenté tous les types de duos au cinéma ? Philomena, la dernière œuvre du talentueux Stephen Frears vous prouve que non. En effet, en plus d’un siècle d’existence, le grand écran nous a offert un panel impressionnant de couples aussi divers qu’intrigants. Que ce soit les duos d’amis comiques (Laurel et Hardy, Louis de Funès et Bourvil), d’honnêtes justiciers (Clint Eastwood et Lee Van Cleef, Terence Hill et Henry Fonda) ou encore les aventuriers sexy et téméraires (Brad Pitt et Angelina Jolie, Tom Cruise et Cameron Diaz), il nous semblait que le cinéma avait fait le tour de cette mécanique duettiste.
C’était sans compter sur Stephen Frears et son étonnant sens de l’inventivité qui, avec Philomena, revient sur la rencontre véridique et romanesque, dans les années 2000, de Philomena Lee (alors adolescente, son enfant lui a été arraché par les bonnes sœurs) et du journaliste Martin Sixmith, tous deux entreprenant un road trip d’investigation pour retrouver l’enfant perdu. De cette réunion improbable, Stephen Frears en fait un duo cinématographique novateur (une vieille dame dévote pleine de principes et un journaliste cynique peu scrupuleux) aussi amusant qu’attendrissant, secondé par un récit d’une justesse incroyable. Si l’on regrettera le manque d’originalité de la mise en scène, il est tout de même à saluer la construction efficace de l’intrigue qui nous tient en haleine jusqu’à la révélation finale et les dialogues savoureux d’une finesse et d’une drôlerie des plus appréciables. Philomena est donc une œuvre intelligente qui, sous le joug de l’humour et de l’émotion, en dit beaucoup sur notre société et ses hypocrisies morales, un petit bijou cinématographique à ne pas manquer !
Zoom sur … Judi Dench, l’impossible Madame M
Actrice anglaise arrivée sur le tard au cinéma, Judi Dench est reconnue de prime abord pour son talent théâtral. En effet, cette dernière est considérée au Royaume-Uni comme l’une des plus grandes comédiennes de l’après-guerre et elle a d’ailleurs reçu de nombreuses récompenses pour son jeu sur les planches. Ce n’est que dans les années 1990 que démarre véritablement sa carrière au cinéma lorsqu’elle incarne le célèbre M dans la série de James Bond, un rôle auquel elle apporte profondeur et complexité (notamment dans Skyfall où son personnage prend plus d’ampleur) et qui lui ouvre les portes du 7ème art. Portant un grand intérêt à la dramaturgie anglaise, elle se cantonne d’abord aux adaptations d’œuvres shakespeariennes (Hamlet, Henri V, Shakespeare in love) avant de se diversifier et de s’essayer à des rôles plus modernes comme dans Chronique d’un scandale où elle incarne une vieille dame névrosée et manipulatrice. Ainsi, son jeu tout en nuances, emprunt à la fois de rigidité et de tendresse, de drôlerie et de sensibilité, en font une actrice d’exception et un modèle rassurant pour toutes les interprètes, qui nous dit, dans un milieu où la jeunesse semble de plus en plus indispensable, que passé la quarantaine, il est tout de même possible de faire carrière au cinéma !