Après une Place publique boboisée jusqu’à l’os – sur la vie la vraie malgré les apparences, du moins l’amour et l’âge, Bacri revient, dans cette Photo de famille qui se veut plutôt botrytisée – sur la vie la vraie malgré les contraintes, du moins la vie de famille et le grand âge. Mais il ne revient pas seul et n’est pas si mal entouré, notamment de Vanessa Paradis – qui joue comme elle chante, ni bien ni mal, mais c’est un fait acquis, et celle qui est à la comédie ce qu’Amalric a été au drame, la découverte tardive Camille Cottin – intéressante depuis qu’elle ne fait plus sa « connasse ». C’est plutôt le reste qui laisse à désirer, et le reste, très largement dominé par la fadeur, c’est un saucisson comme on dit dans le jazz, des tranches de vie autour d’une grand-mère sénile, une patate chaude pour une famille qui s’aime quand même – mais qui s’aime sans que cela n’aboutisse à grand-chose à la fin. Car le scénario ressemble à ce faux suicide raté, du seul personnage apparemment borderline, si la border était signalée à l’extérieur par les panneaux de la mollesse et de la banalité – quand la cohérence est cette idée de terminer comme on a commencé, par un enterrement parce que ça marche toujours sur les familles. Ainsi, le film se classe dans cette catégorie très française de la tragi-comédie inoffensive, que l’on peut prendre entre deux âges ou après, à la rentrée ou à l’automne – quand d’autres préfèreront le ch’ti shoot des laboratoires Boon ou le Red Bull de chez Marvel. Car tout donne l’impression d’un produit, et même d’un médicament générique qui ne doit surtout pas comporter d’excipients à effet notoire, une comédie humaine qui se tient aussi loin des Tenenbaum que des Groseille et des Le Quesnoy – un petit tire-larmes jetable dans la poubelle des bons sentiments.
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure