Chelou mais bon
Voilà c'est dit, c'est un film qui expérimente mais qui le fait bien. Il prend son temps pour se présenter et se dévoiler mais cela vaut le coup !
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le 2 mars 2023
Comme expliqué par sa réalisatrice Ann Oren avant la projection, un piaffe est un mouvement de dressage équestre, dans lequel le cheval exécute un trot en faisant du sur-place. A partir de là, la porte est ouverte à l'interprétation et le film ne manquera pas de nous en laisser tant il fait partie de ceux qui intriguent et déboussolent, donnant à chaque spectateur, même si tous dans la salle ont vu le même, des réactions et des sentiments très contrastés. Autant le dire immédiatement, Piaffe, dans son originalité, ne peut être que clivant et les échanges glanés à la sortie de la salle l'illustrait parfaitement.
Le synopsis suffit d'ailleurs à introduire cette étrangeté.
Eva, une jeune femme doit remplacer au pied levé sa soeur Zara. Celle-ci travaillait sur les bruitages d'une publicité pour laquelle elle devait reproduire les sons d'un cheval avec son environnement. Belle idée que de découvrir l'envers du décor de ce métier où il faut rivaliser d'ingéniosité mais non seulement, maîtriser son sujet. Ann Oren donne d'ailleurs énormément de dimension aux effets sonores de son film où chaque respiration semble transpercer la salle à la manière d'une vidéo ASMR.
Dès les premières minutes, la jeune fille nous apparaît comme timide mais dévouée pour reprendre les activités de Zara. Elle finit d'ailleurs, après un premier effort, par se faire railler par le réalisateur qui lui repproche de n'être qu'un robot n'ayant jamais observé d'animaux. Il a besoin d'un humain. Démarre alors une quête équestre pour observer les chevaux, quête qui va s'accompagner d'une mutation physique aussi incroyable que le peu de réactions qu'elle suscitera sur ceux qui la croiseront : une queue de cheval va commencer à lui pousser dans le bas du dos, l'amenant petit à petit sur des terrains qu'elle n'avait jamais foulé, entre perversion masochiste et sensualité dérangeante.
Au-delà de l'aspect fantastique du film qui s'ancre dans une réalité très peu malmenée par la transformation d'Eva, c'est sa rencontre avec un botanniste passioné de fougères, espèce végétale porteuse des deux sexes, qui générera le plus de réactions chez les spectateurs. La jeune fille se révèle au fur et à mesure de ses jeux qui s'avéreront tantôt malaisants, tantôt drôles (peut-être involontairement) et elle se découvre à mesure que sa transformation s'opère.
A mes yeux, la réalisatrice allemande utilise ce prétexte équestre improbable pour illustrer la perte du genre et extérioriser cette transformation intérieure. Eva se cherche, dérivant d'abord dans le monde abandonné par Zara, pour se l'accaparer et s'accomplir finalement pleinement. Le choix de l'artiste queer Simon(e) Jaikiriuma Paetau incarnant sa soeur illustre d'ailleurs parfaitement ces barrières qui s'effacent. Mais encore une fois, chacun y verra ce qu'il souhaite/pense y voir.
Si il m'a été difficile de véritablement l'apprécier pendant la projection, une chose est sûre, Piaffe est de ces films qui même une fois terminés vont susciter des discussions intéressantes. Une oeuvre qui vous trotte dans la tête.
Créée
le 29 janv. 2023
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