Piazza Fontana (Romanzo di una strage) est un très bon thriller politique italien réalisé par Marco Tullio Giordana, coécrit par Sandro Petraglia et Stefano Rulli qui est une adaptation très libre de l'ouvrage Il segreto di Piazza Fontana (Le Secret de piazza Fontana) du journaliste Paolo Cucchiarelli... lequel met en scéne l’enquête très trouble sur l'attentat politique ou pas du 12 décembre 1969, sur la Piazza Fontana de Milan, faisant 16 morts et 88 blessés.... dans les milieux extrêmes de gauches et de droites... par le commissaire Luigi Calabresi (joué par le très bon Valerio Mastandrea)... par le juge Paolillo (joué par Luigi Lo Cascio vu précédemment dans Nos meilleures années (La Meglio Gioventù) de Marco Tullio Giordana et Buongiorno, Notte de Marco Bellocchio)... sous les ordres du Président juge Carlo Biotti (joué par Bob Marchese) sous le régime de Aldo Moro (joué par un excellent Fabrizio Gifuni vu précédemment dans Hannibal (2001) de Ridley Scott, Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana et Les Opportunistes (Il capitale umano, 2013) de Paolo Virzì) un ancien professeur de droit et de procédure pénale devenu président de la Démocratie chrétienne de 1963 à 1976 et ministre des Affaires étrangères de 1969-1972... dépassé par les événements...et Giuseppe Saragat (joué par Omero Antonutti vu dans La Nuit de San Lorenzo et Good Morning Babilonia de Paolo et Vittorio Taviani) le président de la République italienne... le Premier socialiste, au sens idéologique, à entrer au palais du Quirinal, sa présidence est marquée par les tragiques inondations de Florence, en novembre 1966, les contestations étudiantes de 1968 et l'attentat de piazza Fontana en 1969, événement qui marque le début des années de plomb... Le 12 décembre 1969 à 16 h 37, une bombe éclate dans la Banca Nazionale dell'Agricoltura sur la piazza Fontana, dans le centre de Milan, faisant seize morts et une centaine de blessés.... Aussitôt, l'extrême gauche est accusée, en particulier les anarchistes. Quatre mille personnes sont arrêtées par la police... parmi elles... le danseur Pietro Valpreda (joué par Stefano Scandaletti) qui est emprisonné, tandis que le cheminot Giuseppe Pinelli (joué par l'excellent Pierfrancesco Favino), un anarchiste accusé de l'attentat, qui fait une chute mortelle du quatrième étage du commissariat où il a été interrogé... dont le commissaire Luigi Calabresi est accusé d'en être responsable, mais l'enquête aboutit à sa relaxe.... Deux ans et demi plus tard, le 17 mai 1972, ce dernier est victime d'un assassinat pour lequel, des années après, est condamné Adriano Sofri, un des leaders de l'organisation Lotta Continua (une formation politique maoïste, communiste et révolutionnaire, née à l'automne 1969)... Dans les années 1980, le terroriste néo-fasciste Vincenzo Vinciguerra déclare au juge Felice Casson que l'attentat visait à la proclamation de l'état d'urgence et à pousser l'Italie vers un régime autoritaire... En 1989, le fondateur d’Avanguardia Nazionale, Stefano Delle Chiaie, est arrêté à Caracas et extradé en Italie afin d'être jugé pour ses responsabilités dans l'attentat de 1969... Mais il est cependant acquitté par la cour d'assises de Catanzaro en 1989, de même que son camarade Massimiliano Fachini... et En 1997, trois anciens militants néo-fascistes du Movimento Politico Ordine Nuovo, Carlo Maria Maggi, Delfo Zorzi et Giancarlo Rognoni, sont mis en examen pour l'attentat... Mais sans succès (e 12 mars 2004, la Cour d'appel de Milan annule les peines prononcées contre les trois accusés)... Une étrange affaire qui est a ce jour... Jamais élucidé...
Le réalisateur de Nos meilleures années poursuit son décryptage de la société italienne, zones d'ombre comprises... qu'il essai d'éclairés (ce qui n'est pas évident)... Marco Tullio Giordana veut faire éclater une vérité proche de celle de Pasolini dans son article « Roman d'un massacre », qui désignait des responsables bien au-delà des frontières italiennes (En 1998, David Carrett, un officier de la US Navy, a été mis en examen pour sa participation à l'attentat... Ainsi que Sergio Minetto, un responsable italien du service d'intelligence de l'Otan, et le collaborateur de justice Carlo Digilio, soupçonné d'être un indic de la CIA.)... Il en résulte un film âpre, mais néanmoins important dans le rôle du cinéma à garder les traces d’une histoire italienne bien plus obscure que les images de Piazza Fontana... A voir absolument.