Pieces of a Woman par Charles Dubois

Il y a certes ce plan séquence de presque ouverture qui, par sa force émotionnelle, fait d'emblée tirer les larmes et battre rapidement le cœur, un (faux) plan séquence qui semble donner un ton puissant à cette œuvre, une humanité profonde à ses personnages et rappelle que Mundruczó maîtrise comme peu la caméra.
Puis, lentement, sous nos yeux de plus en plus déroutés, le film s'étiole, divague, ne trouvant pas son sujet, en traitant plusieurs, et mal. Il accumule les personnages et les sous intrigues, se perd esthétiquement, dans une incohérence floue et, surtout, compile les symboles plus gros que jamais, rendant ce Pieces of a Woman tristement fade, sans émotion, long et finalement raté.

Mundruczó, épaulé par sa compagne Kata Wéber au scénario, semblait pourtant avoir quelque chose à dire, traiter du deuil, du couple face à l'épreuve terrible (probablement la pire), du rôle néfaste des parents dans la liberté des enfants, du sentiment de culpabilité, et même mettre en scène un inutile procès dont on connaît d'avance la résolution, ou encore, en sous-texte, de la Shoah...
En s'enlisant dans ses symboles poussifs, pour ne pas ridicules, presque audacieux tant on pensait impossible qu'un film de notre époque puisse encore les penser pertinents et intéressants (le pommier qu'on fait pousser, la photo dont on devine dès le départ qu'elle aurait un rôle crucial, le pont qu'on construit, le "The End" à la toute fin, lui aussi de trop, ...), et plongeant dans un pathos désespérant, à grand renfort des pénibles violons d'Howard Shore, le film ne mène à rien, en plus d'ennuyer, lasse, et perd toute sa puissance.

Restons-en donc à son impressionnante séquence d'ouverture et son superbe morceau de Sigur Rós, et à la performance puissante (et justement récompensée à Venise) de Vanessa Kirby.

https://youtu.be/Z7ynnRnQHLw