La reconstruction d'une mère
Fraîchement sorti sur Netflix, le dernier film de Kornel Mundruczo, Pieces of a Woman, est une œuvre tenace et bouleversante sur le deuil et la reconstruction d’une femme, incarnée par...
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le 10 janv. 2021
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Difficile de parler de Pieces of a Woman sans mentionner son plan-séquence inaugural. J'ai eu beau chercher comment aborder l'œuvre autrement, rien à faire. D'une part car il est une note d'intention parfaite doublée d'une magnifique prouesse technique. Et d'autre part car ces vingt minutes d'ascenseur émotionnel vont littéralement (et métaphoriquement) miner le film. Non pas que le sujet (très dur, soyez-prévenu.e.s) perde tout intérêt sur les 80 minutes suivantes, très loin de là. Il y est question d'une foule de sentiments mêlés, emmêlés ou tout simplement coincés ensembles, dont les interactions entre-eux sont autant de portes de sortie possibles que de portes condamnées. Le réalisateur Kornél Mundruczó orchestre leurs difficiles cohabitations dans un ballet de mouvement latéraux, de longs-plans où la silhouette de Vanessa Kirby (formidable) prend des allures de spectre déambulant dans des espaces où il semble prisonnier (la maison familiale, le petit nid du couple). La caméra épouse son point de vue et ses perspectives, ou plutôt son absence de perspectives (le devant, l'avenir). Plusieurs procédés tous plus signifiants les uns que les autres (le pont, les germes, la météorologie) émaillent Pieces of a Woman, pour traduire l'état du jeune couple à mesure que les "chapitres" de sa vie défilent.
Le problème demeure que la symbolique est parfois empesée et que beaucoup de ce qui arrive dans cette heure vingt semble anecdotique en comparaison de cette introduction coup de force. Sur un sujet proche, le récent Madre de Rodrigo Soroyogen (aussi impressionnant plastiquement) offrait plusieurs éléments d'intrigue propices à le faire rebondir. Ce qui manque ici, puisque le film se refuse à être autre chose qu'un évident requiem avant la renaissance. Entre-temps, et c'est un peu dommage, les comédiens s'avancent vers une série d'évènements inévitables (vraiment?) qu'ils incarnent très bien mais dont la langueur finit par anesthésier la vigueur. Il devra attendre la fin, ce temps pour l'acceptation de la mort et ce retour à la pulsation, à la vie, pour retrouver sa force de frappe déchirante.
Créée
le 7 janv. 2021
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