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Après la fin de sa collaboration avec Warner Bros, Steven Seagal conclut un accord avec Jules Nasso, un nouveau partenaire commercial, pour quatre films dans lesquels il incarnera le premier rôle. Piège à Haut Risque, The Patriot en VO, est le premier né de cette collaboration et s’inspire très librement du roman The Last Canadian de William C. Heine même si, à en croire ceux qui ont lu le livre, aucun nom de personnage, aucun évènement ni même aucun lieu du film n’apparait dans le livre. Seul point commun, une histoire de virus, c’est bien peu. Cette première collaboration Seagal / Nasso sera également la dernière malgré le contrat de départ, la faute sans doute à un résultat qui ne semble avoir convaincu personne, ni le public, ni les critiques. Le fait que ce soit le premier film de Steven Seagal à sortir directement en vidéo aux States ne sentait déjà pas bon au départ, comme s’ils doutaient du film, comme s’ils savaient à l’avance qu’une sortie cinéma était suicidaire. On ne peut pas leur donner tort car ça y est, nous sommes en présence du premier vraiment mauvais film de Steven Seagal, et c’est peu de le dire. Si vous cherchez un Seagal qui pète des os et qui brise des nuques, ce n’est pas ici que vous trouverez cela.


Réalisé par le directeur photo oscarisé Dean Semler (Danse avec les Loups, Last Action Hero) qui n’a mis en scène qu’un seul autre film, Tempête de Feu (1998), Piège à Haut Risque est encore un film en mode « Steven Seagal sauve l’environnement » après Menace Toxique (1997) et Terrain Miné (1994). Seagal semble sincère et désireux de transmettre ses messages à son public, mais il s’y prend de la plus mauvaise manière qui soit tant l’ensemble est l’inverse même du mot « subtil » avec une moralisation très agaçante à tout va. Il en résulte des discours et des scènes vraiment ennuyeuses vantant les mérites des remèdes orientaux / traditionnels plutôt que ceux de la médecine occidentale, que la guerre biologique c’est mal (sans blague, on ne s’en serait pas douté), que les amérindiens sont toujours sages et pacifiques, et tout le tralala qu’il nous avait déjà sorti à deux reprises auparavant. Le scénario de Piège à Haut Risque est ridicule au possible, avec des rebondissements qu’on voit venir à des kilomètres tellement ils sont gros et grossiers. Le film joue la carte du film scientifique avec son histoire de virus sauf qu’on est ici dans quelque chose de niveau CE1/CE2 avec en plus des incohérences de partout. Nous sommes ici face à un virus mortel, hyper contagieux, mais les médecins ne se mettent même pas de gants pour toucher des patients remplis de pustules. C’est quoi cet hôpital ??? Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres et je ne vous parle même pas de la solution trouvée à la fin pour éradiquer ce virus. Tout ici est complètement idiot, rien n’est travaillé à commencer par des personnages vides qui n’ont absolument aucune évolution, se contentant d’être ce qu’ils sont du début à la fin, c’est-à-dire pas grand-chose. Et puis qu’est-ce que c’est chiant…


Piège à Haut Risque est réputé pour être le film de Seagal avec le moins d’action, et c’est exactement ça. Environ 10 minutes sur un film de presque 1h30, c’est peu, beaucoup trop peu, surtout lorsque le seul intérêt des films de Seagal, ce sont les scènes d’action. A l’origine, le film en comportait davantage, mais elles ont été supprimées dans la version finale. Certaines de ces séquences ont fini par être utilisées sur les illustrations des versions vidéo (Seagal désarmant un membre de la milice) et dans un documentaire sur les arts martiaux sorti à l’époque. Pourquoi les avoir coupées ? Mystère, mais une chose est sûre c’est que malgré ses courtes 1h27 au compteur, ça semble durer une éternité. De toute façon, les quelques scènes d’action (la première arrive à la 40ème minute) n’arriveront même pas à remonter le niveau tant elles sont montées n’importe comment, au point qu’il est parfois difficile de comprendre ce qu’il se passe, en plus d’une caméra qui fait n’importe quoi. D’autant plus qu’ici, aucun bras ou jambe cassé, aucune prise fétiche de Steven ‘Saumon Agile’ Seagal, pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce n’est un pied de verre planté dans une oreille. Le réalisateur Dean Semler semble s’en battre menu du film et à l’exception de très belles prises de vue pour tout ce qui concerne les paysages (normal pour un directeur photo réputé), le reste du film est clairement shooté comme un téléfilm sans ampleur, à la va-vite. Une fois de plus, Steven Seagal tente de jouer la comédie, s’essayant même aux scènes dramatiques, mais ça ne fonctionne à aucun moment. Saumon Agile n’est clairement pas bon acteur et il n’y a qu’à voir son jeu lors de la scène avec les soldats qui meurent pour s’en persuader. Et pourtant, il est quasiment le meilleur acteur du film, c’est dire le niveau du reste avec des acteurs qui semblent n’en avoir rien à foutre et qui font péniblement ce qu’on leur demande de faire. En tant que film d’action, Piège à Haut Risque est un échec. En tant que thriller écolo, Piège à Haut Risque est un échec. En tant que drame, Piège à Haut Risque est un échec. C’est dire si le visionnage est pénible.


Piège à Haut Risque est le premier vrai très mauvais film de Steven Seagal. Mou, ridicule, mal interprété, mal shooté, le film n’a rien pour lui et je crois que ça y est, la descente aux enfers de Seagal est réellement amorcée.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-piege-a-haut-risque-de-dean-semler-1998/

cherycok
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le 22 août 2024

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