Piège de cristal par blazcowicz
Enfin revu, après des années !
Je me disais que j'allais me régaler de le voir en VO et de prêter attention à la mise en scène, ce qui n'était pas du tout le cas lorsque j'étais plus jeune.
Eh bien ce fut le cas, j'ai été véritablement ravi de le voir d'un nouvel oeil, presque comme si c'était un autre film. Le première chose qu'on remarque par rapport à une production type de la même époque c'est que tout est extrêmement soigné, la mise en scène fluide, habile et précise ne cherche pas à en mettre vainement plein les yeux mais en premier lieu à être lisible et à servir l'action (ou comment démonter en 2 plans et demi les films ou le réalisateur pense qu'agiter sa caméra dans tous les sens rend le film nerveux).
La photo ensuite, remarquable dans les première scènes d'extérieur, n'a pas cette teinte fade des autres films des années 80 et lui permet de vieillir très bien. On a également droit à une musique alternant thèmes épiques et musique classique ou rap, tout à fait agréable même si je préfère la BO du 3.
Mais comme l'a si bien souligné d'autres avant moi, c'est surtout au niveau du scénario, des personnages et des dialogues que le film se veut révolutionnaire à son époque. Ici, point de héros armé jusqu'aux dents, sûr de lui et entraîné à survivre à n'importe quelle situation, on a juste un simple flic fatigué qui vient de traverser les Etats-Unis en avion, qui a des problèmes avec sa femme (dont la carrière est bien plus remarquable que la sienne), et qui ne devient pas un héros par choix mais par obligation.
Le personnage du flic noir est également intéressant, là où il n'est que le soutien de McClane au début, il gagne de l'épaisseur lorsqu'il raconte ce qui l'a poussé à quitter le boulot sur le terrain. Hans Gruber est un peu le méchant ultime de son côté, raffiné, intelligent, prévoyant, calme et froid, il ne manque jamais de ressource, et n'étant pas un colosse, McTiernan évite également l'écueil du duel final dans sa forme classique.
C'est certainement le point le plus remarquable de film, l'habileté avec laquelle il se joue des clichés. Le FBI et les forces de police seront mis en échec par les terroristes car arrogants et sûrs d'eux, les journalistes livrent une information critique sur McClane, qui au final est le seul à faire son boulot correctement, et on tente pourtant de lui faire endosser la mort d'Ellis.
Enfin, à quelques exceptions près, comme le MP5 servant de grappin ou le saut avec le tuyau d'incendie, tout ce qui arrive dans le film est crédible (je pèse bien mes mots, cela paraît possible), par opposition au 4ème opus ou toute vraisemblance est abandonnée.
Au final un immense plaisir à revoir ce film donc, inspirateur de la plupart des action hero humains (au niveau des sentiments) qui allaient suivre, prouvant que la qualité d'un film d'action ne se mesure pas au nombre de méchants tués, à la masse musculaire du héros ou au nombre d'explosions. Ce que McTiernan avait en partie démontré de façon plus subtile avec Predator (les héros bodybuildés et surentraînés tombaient comme des mouches face à une menace inconnue), il l'assène ici au travers d'un héros qui est simplement plus malin que la moyenne, et qui survit parce qu'il est prudent, et non en fonçant dans le tas.