- Est-ce que quelqu'un me reçoit ? Nakatomi Plaza aux mains des terroristes. Ils ont pris au moins 30 otages. Je répète. Un nombre inconnu de terroristes avec des armes automatiques occupent le Nakatomi Plaza.
- Qui que vous soyez, attention, cette fréquence est exclusivement réservée aux urgences.
- Sans blague ! Et vous croyez que j’appelle pour commander une pizza ?
Yippee-ki-yay, pauvre con !
En 1988, le réalisateur John McTiernan bouleverse le visage du film d'action en adaptant librement le roman Nothing Lasts Forever de l'ancien policier Roderick Thorpe, sur un scénario de Steven E. de Souza et Jeb Stuart. Un grand classique prenant place au sein d'une franchise comprenant cinq opus, qui d'emblée de jeu assène un véritable coup de poing qui se dresse comme une référence dominante du cinéma d'action avec "Die Hard : Piège de cristal". Un thriller de Noël influent qui va dominer tous les aspects du schéma d'action pour les retourner sous la forme d'un spectacle endiablé et jouissif à travers une histoire rondement menée. Un récit explosif qui met en vedette Bruce Willis dans le rôle qui va définir sa carrière, celui du lieutenant de police de New York : "John McClane". S'ensuit une intrigue reposant sur des éléments redéfinissant les standards de l'héroïsme aujourd'hui devenu familiers au grand public, qui trouve sa caractérisation autour d'un héros fort et courageux qui va devoir affronter seul une vingtaine de méchants armés jusqu'aux dents. Un conflit résolu de manière violente, par un manque délibéré de réalisme articulé sur un concept qui malgré les nombreux stéréotypes spectaculaires, accorde une importance à la profondeur psychologique via une chimie intelligente entre les personnages principaux, pour un casting au top. Une succession de proposition pertinente pour un résultat fantastique qui a dynamité Hollywood et a terminé d'installer son cinéaste au rang d'icône, après une première forte impression avec un film de guerre et de science-fiction porté par Arnold Schwarzenegger : "Predator".
John McTiernan livre un huis clos délirant avec pour décor principal le Nakatomi Plaza. Une immense tour prise d'assaut par des prétendus terroristes qui vont prendre en otage au 30e étage les occupants, dont la femme de McClane. Un environnement idéal tourné au siège de la Twentieth Century Fox qui va servir de base pour une véritable leçon de réalisation. Une cinématographie débordante d'inventivité offrant une mise en scène grandiose par le biais d'une caméra experte dans l'art de se mouvoir et de dépeindre son périple. Un cadre idéal savamment orchestré qui va énergiquement parcourir de bas en haut son décor en passant par les conduits étroits de ventilation jusqu'aux cages d'ascenseur que McClane va arpenter sous toutes les formes, offrant un éclat atmosphérique idéal du contraste que la photographie de Jan de Bont sublime. Même la composition musicale de Michael Kamen, ainsi que la bande sonore sont de qualités. Une proposition savamment rythmée par des tonalités ingénieusement sélectionnées qui aurait mérité une identité musicale davantage palpable et reconnaissable parmi les autres. On profitera malgré tout d'une réutilisation amusante de l'Ode à la joie de Beethoven de la Symphonie n°9, ou encore du Concerto brandebourgeois n°3 en sol majeur : Brillant de Bach.
À travers un rythme nerveux pour un montage dynamique, le spectateur plonge dans une excursion exitante jalonnée de nombreuses scènes impressionnantes via des fusillades intenses, des explosions percutantes, des bagarres acharnées, des chutes dans le vide, pour un héros décidément malmené. Un déluge de destruction en série ayant la brillante idée de contraster son théâtre oppressif par des échanges dramatiques fondamentaux entre les personnages. Des dialogues pertinents durant lesquels McClane, va trouver un soutien important auprès d'un flic de Los Angeles, le Sergent Al Powell (Reginald VelJohnson), avec qui il va partager des moments attendrissant où il va admettre ses défauts en tant qu'homme, mais aussi en tant que mari. Des éléments essentiels qui créent un attachement entre le spectateur et McClane, qui malgré son courage reste un homme faillible. Une belle description qui trouvera également un souffle accrocheur par l'ironie constante des situations via des répliques tranchantes venant alimenter le duel essentiel entre ''McClane'' et ''Hans Gruber (Alan Rickman)''. En témoignent les nombreuses citations tordantes qui ne manquent pas de dresser la dualité entre les deux hommes :
« - Cette fois John Wayne ne s’éloignera pas vers le soleil couchant avec Grace Kelly !
- C’est Gary Cooper connard !! »
Ou encore :
« - Émouvante conversation cowboy. Ou devrais-je vous appeler M. McClane. M. l’officier de police, John McClane de la police de New York.
- Sœur Thérésa m’appelait McClane à la maternelle, mes amis m’appellent John. Vous, vous n’êtes rien. »
Mais aussi et surtout :
« - Je ne comprendrais jamais le besoin que vous autres américains ressentez de toujours jouer les héros solitaires. Quel est le votre ? John Wayne ? Clint Eastwood ?
- Je dois avouer que j’adore Roy Rogers. J’ai toujours eu un faible pour les chemises pailletées. »
Une pièce d'action ultra complète pour une pléiade de personnages incroyables.
John McClane par Bruce Willis
Bien joué John, bravo, très adulte !
Willis sous les traits de McClane apporte une personnalité de premier ordre à son personnage au sens de l'humour aiguisé. Avec charisme et crédibilité il se révèle être un héros d'action pieds nus formidable émotionnellement vulnérable, qui le temps d'une nuit va se transformer en un terminator impitoyable à travers un héroïsme désespéré où le bonhomme va subir bien des épreuves et des douleurs. Un excellent travail faisant de McClane le visage emblématique du héros d'action.
Hans Gruber par Alan Rickman
Je me propose de vous enseigner le vrai usage du pouvoir.
Pour avoir un bon film il faut un bon méchant, ce que ne manque pas d'être Gruber. Rickman offre une performance convaincante en tant que criminel tiré à quatre épingles d'une droiture constante. Un cerveau du mal insensible, impitoyable et manipulateur capable du pire, qui pour s'enrichir n'hésite pas à sacrifier des innocents. Il tire à son avantage les règles fédérales qui involontairement se retrouvent complices de celui-ci, ce qui offre une critique satirique amusante des institutions. Un antagoniste mémorable.
Sergent Al Powell par Reginald VelJohnson
Quand on est une jeune recrue et qu'on va à l'école on apprend beaucoup de choses mais pas à vivre avec le poids d'une erreur.
Al est le seul représentant de l'ordre du département de police de Los Angeles à ne pas être incompétent face à la puissance écrasante des terroristes. Veljohnson apporte une empreinte très sympathique à son protagoniste qui va devenir le copain de talkie-walkie de McClane avec qui il va tisser un lien attachant. Un personnage important apportant une dramatique satisfaisante avec le héros, étant lui-même un homme déchiré à cause d'un élément traumatique passé. Al garanti l'humanité du récit et l'empêche de sombrer dans une débauche d'action décérébrée. Il se fait happer par McClane qui l'invité à rejoindre le bal : « Bienvenue à la fête, camarade. »
Holly Gennaro McClane par Bonnie Bedelia
Il n'y a que John qui puisse mettre quelqu'un dans un tel état de rage.
Holly est une femme courageuse au caractère bien trempé, en même temps c'est la femme de McClane. La comédienne apporte un vrai plus à son personnage, celle d'une femme moderne qui s'assume mais qui n'a pas peur non plus de dire qu'elle aime son mari.
Karl par Alexander Godunov
On est deux professionnels. On règle ça entre nous.
Si Gruber représente le cerveau maléfique de Piège de cristal, Karl représente ses poings. Un homme imposant doté d'une tronche de viking effrayant que le comédien porte avec dureté pour un résultat percutant. Il offre à McClane une dualité d'ordre physique, en tant que soldat qui rêve de tuer le cowboy pour venger son frère. Le combat entre Karl et McClane est brutal et percutant.
Théo par Clarence Gilyard Jr.
Joyeux Noël, camarades.
Théo fait partie de l'équipe de ''terroristes'' de Gruber. Un antagoniste malheureusement vite oublié du public, que le comédien Clarence Gilyard Jr. porte avec sympathie en tant que technicien intraitable et détaché à l'origine de quelques scènes savoureuses.
Argyle par De'voreaux White
Si votre copain est en chaleur, je peux lui trouver quelques mignonnes oursonnes.
Argyle, le chauffeur de taxi est un faire valoir amusant qui n'apporte pas grand chose à l'intrigue si ce n'est son empreinte joviale drolatique. Il permet de garder une connexion avec l'esprit de Noël.
La dinde de la farce
- Yahhh !!! Hahaha ! On se croirait revenu à Saïgon. C'est pas vrai ?
- Je sais pas connard, j'étais au lycée.
William Atherton pour Thornburg, journaliste qui irait jusqu'à vendre sa mère pour un scoop; Paul Gleason pour Dwayne T. Robinson le chef adjoint de la police pour le maire qui est totalement dépassé par les évènements; où encore Robert Davi pour l'agent spécial Johnson « l'autre Johnson » du F.B.I, accompagné de son collègue Grand L. Bush pour l'agent spécial Johnson « l'autre Johnson ». Un quatuor de bouffons dont on aime se moquer avec jubilation qui ne doit pas être sous-estimé.
CONCLUSION :
Die Hard : Piège de cristal réalisé par John McTiernan est un film d'action référence porté par un cinéaste formidable qui va dresser une gigantesque pièce cinématographique portée par une distribution talentueuse. Un film impressionnant doté de séquences d'action énergiques avec des effets pratiques saisissants sur un scénario inspirant pour un résultat généreux à la gloire d'un personnage emblématique : « John McClane ».
Culte à tous les niveaux !
Viens m’voir à Los Angeles, on passera Noël en famille, on fera la fête !