Dans le cinéma d’action, il y a là aussi plusieurs niveaux. Au sommet, nous avons Stallone, Schwarzenegger et Willis. Au milieu, Van Damme, Norris et Statham. Et en-dessous, Ludgren, Cena et le célèbre Seagal Ah, Steven Seagal… l’abonné aux nanars sans nom ni saveur. Le roi des séries Z que la TNT nous livre sans arrêt avec ces téléfilms aux notes extrêmement négatives que, parfois, cela frôle la crise de rire malgré soi. Mais pour tout acteur, il faut bien commencer quelque part pour entamer sa renommée (qu’elle soit bonne ou mauvaise). Et pour Seagal, tout a commencé avec Piège en haute mer. Long-métrage d’Andrew Davis (réalisateur à qui l’on devra par la suite Le Fugitif), jugé comme le meilleur film de la carrière de l’acteur. Véridique ?

Commençant par les points forts du film ! Après leur première collaboration sur Opération Crépuscule, Andrew Davis retrouve pour la seconde fois (et pas la dernière !) Tommy Lee Jones, qui se retrouve ici propulsé dans la peau de l’antagoniste. Un ancien agent qui détourne avec ses hommes tout un navire de guerre pour apporter une cargaison de missiles et au plus offrant. Un méchant qui fait une entrée en scène plutôt remarquée, où l’acteur se faufile parmi les militaires en tenue de rock star et exhibant avec naturel la folie de son personnage. Qui se confirmera lors d’une crise vers la fin des plus majestueuses pour ce qui est de l’interprétation. Même dans un rôle peu extraordinaire, le comédien arrive à en tirer le meilleur et ce grâce à son talent incontestable. Un talent qui lui vaudra l’Oscar dans Le Fugitif ! Un Immense comédien qui, sans pour autant détenir le personnage de sa vie, s’en sort sans aucune difficulté dans ce film plutôt explosif, où quelques effets pyrotechniques se montrent plutôt réussis.

Voilà, j’ai fait le tour des atouts de qualité de Piège en haute mer ! Un acteur secondaire en grande forme et un peu de bim badaboum qui amusent pendant quelques secondes. Sinon, le film d’Andrew Davis ne vaut rien ! Déjà niveau scénario. Bon, je sais bien et j’en suis le premier à critiquer quand des personnes descendent le script d’un film alors que son intérêt réside dans le divertissement et non dans l’approfondissement. Mais faut pas pousser mémère dans les orties ! Un sous-produit de Piège de Cristal (Die Hard) où une bande de malfaiteurs détournent un bâtiment de la flotte américaine après avoir emprisonné tout le monde à bord. Et qui vont pourtant se faire mener en bateau par le chef cuistot, comme par hasard agent d’élite dégradé, qui a échappé à l’assaut en étant enfermé dans la chambre froide, et qui va tout faire péter à lui tout seul, sans chercher à fuir. Ajoutez à cela une femme qui n’a rien à faire là, juste pour apporter une touche féminine et surtout une paire de seins le temps d’une scène, « histoire de ». Une strip-teaseuse de surcroît, qui va elle aussi échappé à l’attaque qui, se déroulant pendant un anniversaire, va permettre à cette femme de se cacher malgré elle dans un énorme gâteau… Et bien entendu, le cuistot de combat va devoir supporter cette empotée qui va faire qu’hurler sans raison, se plaindre tout le temps et renier les armes jusqu’à – oh, surprise ! – en utiliser une pour sauver le héros. N’y aurait-il pas eu de la drogue dans la bouillabaisse du chef ?

Malgré ses énormités, on aurait pu fermer les yeux dessus et se concentré sur l’action, ce pour quoi a été fait Piège en haute mer. Mais même là, je suis surpris du résultat, en mal. Le meilleur film avec Steven Seagal ? Eh ben, j’aimerais bien voir à quoi ressemblent les pires ! Et ce n’est pas quelques effets pyrotechniques plutôt sympathiques qui vont y changer quoi que ce soit ! Déjà d’une part, le film, bien que les ravisseurs passent rapidement à l’action, peine à démarrer, avec le héros toujours coincé dans sa chambre froide… S’enchaîneront ensuite quelques petites joutes avec des seconds couteaux, de petites fusillades ridicules, une mise en scène qui se permet des ralentis sans raison, des situations et des répliques grotesques… jusqu’à un affrontement final tout simplement immonde ! Deux agents se tenant face-à-face, excité comme des enfants, prêts à se sauter dessus poignard à la main. Piège en haute mer, ou bien Piège de Cristal en version spectacle de Guignol et ses confrères marionnettes.

Et puis, passons bien évidemment par la partie la plus insignifiante de l’ensemble qu’est la distribution ! Avec cette grande question qui nous vient aussitôt à l’esprit : qu’est-ce qu’un acteur comme Tommy Lee Jones, excellent au possible, fiche dans un tel foutoir ? Aux côtés d’un mec aussi inexpressif et pitoyable que Steven Seagal ? Qui ne sait que cogner et tirer sans le moindre peps ni humour (le comique étant pourtant l’un des principal attrait de ce genre de film… Et puis je ne dirai rien sur le reste du casting, qui ne relève pas le niveau pour autant. Ah si, il y a peut-être Gary Busey (déjà vu dans L’Arme Fatale, Predator 2 et Point Break) qui semble s’amuser un petit peu (notamment en tenue féminine) mais bon, ce n’est pas trop ça ! Pauvre, pauvre Tommy Lee Jones…

Je vais avouer quelque chose : avant Piège en haute mer, je n’avais jamais vu un seul film avec Seagal. Et après avoir vu celui-ci, considéré comme le top de sa carrière, je pense que je ne m’avancerais pas plus pour me plonger dans cette filmographie des plus discutables. Même, mis à part Seagal, cela relève presque du miracle qu’Andrew Davis, qui partait avec ce film sur de très mauvaises bases, ait pu nous pondre un film de suspense aussi réussi que Le Fugitif ! Comme quoi, il ne faut jamais se fier à sa première impression ! Quoique pour Piège en haute mer, mon avis restera toujours aussi incisif, même si je devais à mon grand malheur le revoir !
sebastiendecocq
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le 27 sept. 2013

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