Le cinéma d’agressions animales, qui a connu son apogée durant les années 70/80 (Jaws, Razorback…), a ensuite longtemps été relégué aux productions de seconde zone, le plus souvent télévisées. On aurait pu croire que l’excellent Le Territoire des Loups aurait pu ramener le genre sur les devants de la scène, mais hélas The Hunter, avec un brillant Willem Dafoe, aura été la preuve qu’il s’agissait d’un one-shot. Into the Grizzly Maze semble être une nouvelle preuve de cet état de fait, sortant quasiment de façon anonyme, malgré un casting haut en couleur avec en tête Thomas Jane, James Marsden et le sublime Billy Bob Thornton. Mais est-ce qu’il avait ce qu’il fallait pour être élevé au même rang que Le Territoire des Loups et The Hunter ? Pour répondre simplement, non. Tout ici semble être une compilation des codes du téléfilm. Déjà le film a été étonnamment tourné en 16/9, ce qui n’est pas le format cinéma, mais celui des téléfilms et séries télé. Ensuite le piqué visuel est affreusement plat, comme le serait une production Syfy, aucune recherche, aucun travail, ça n’en est pourtant pas laid, juste insipide. Pour continuer dans la paresse, le travail sonore est lui-aussi désastreux, au point d’avoir des conversations inaudibles et des scènes d’attaques du grizzly qui vous obligent à baisser considérablement le volume de votre télé; particulièrement agaçant. Pour en ajouter à l’indigence totale qui englue le tout, la réalisation est elle-aussi d’une platitude sans nom, avec un montage poussif où les rares moments d’angoisse finissent par avoir l’air ridicule, et d’autant plus lorsque les plans gores sont balancés bêtement juste histoire de justifier que le film soit classé dans la rubrique « horreur« . Il n’y a bien que les dix dernières minutes, qui condensent toute l’action, qui satisferont réellement les amateurs de gore, la bête y allant franco dans les décapitations avec sa puissante mâchoire.
Comment ce Into the Grizzly Maze a-t’il pu en arriver là ? Le scénario était pourtant appréciable, avec de multiples personnages qui ont une raison d’être à l’écran ainsi que suffisamment d’explications pour que l’on puisse saisir la nature de chacun, en particulier le trio Jane/Marsden/Thornton, et cela sans oublier leur interprétation, ainsi que le fond écologiste placé intelligemment dans le texte.
Into the Grizzly Maze est l’archétype même du film qui mériterait un remake non pas pour profiter de son succès, mais au contraire pour tenter de rattraper le n’importe quoi qui a été fait avec un scénario qui avait pourtant tout pour faire un bon métrage. N’allez pas croire non plus qu’il soit le pire du genre, mais n’en attendez pas plus que ce que vous auriez avec un téléfilm Syfy, si ce n’est son casting, ainsi qu’un ours qui n’est heureusement pas composé d’immondes CGI.
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