A la question "Quel est votre oiseau préféré ?", Pierre Cardin répond, souriant : "Le papillon". Ce n'est qu'un avant-goût de l'exceptionnelle personnalité de l'homme que le monde connaît comme figurant parmi les plus grands designers de mode, designer de monde même, si j'ose dire.


Pierre Cardin, ce n'est pas simplement une marque haute-couture, un défilé sur la Grande Muraille de Chine, un avant-gardiste aux lignes franches, aux coupes folles, à la parole et aux gestes rapides comme l'éclair. Derrière le créateur se tient quelqu'un de ceux qui se lèvent tôt dans un but de faire évoluer les mentalités.


L'homme lunaire qui fit construire une maison-bulles s'affirme dès les années soixante comme un navire à contre-courant, allant chercher la première mannequin d'origine japonaise, Hiroko Matsumoto, pour en faire une star à Paris. Ses mannequins sont de toutes origines, et les femmes qu'il vêtit, de tous milieux. Sans craintes quant au déni de la capitale pour un créateur mainstream qui apporte le luxe à portée de mains de la classe sociale, ce que Pierre Cardin devient, ce qu'il est encore aujourd'hui, c'est un libérateur de consciences, en un mot : novateur.


Lorsque Proust écrivait : "Les grands nerveux sont le sel de la Terre", Pierre Cardin, en parfaite représentation de la phrase, s'exclame : "Je ne suis pas là pour m'imposer, j'essaie de me proposer !" Tout en nuances, il est à la fois l'incarnation du bourreau de travail qui ne vit que par lui, créant de nuit, de jour, dégageant aussi cette force sensible propre aux rêveurs idéalistes.


Le film retranscrit parfaitement cette atmosphère de fourmilière, cette frénésie de l'activité et de la mise en œuvre d'idées, rythmé par une bande sonore résolument moderne sur fond d'images d'archives datant d'après-guerre, et par les interventions de célébrités ayant collaboré de près ou de loin avec le géant aux doigts de fée. Plus qu'une simple entrevue, c'est une véritable ode à la création artistique et à la jeunesse d'esprit. La chance peut bien s'être penchée sur votre berceau, ce qui compte enfin c'est de savoir s'en servir.

eleonoreoldwood
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le 25 sept. 2020

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