Kim Ki-Duk a pour habitude de jouer les équilibristes, et de frôler le mièvre et le naïf, en général sans jamais les toucher. Il aime aussi nous montrer des situations très perchées à la limite du possible pour servir son propos, mais encore une fois en général, c'est très bien dosé. Enfin, il est très attaché à certaines formules. Ses personnages taiseux, ses idylles chaotiques, son rythme lent ponctué de pics de tempête. Mais si comme pour moi, ça suffit à charmer, alors tout va bien, et ça donne des films magnifiques et complets comme Printemps..., Locataires, ou L'île. De temps en temps, Kim titube un peu, tombe un peu dans le pathétique, et peine à se renouveler. C'est ce que j'ai ressenti dans L'arc notamment, où on le voit venir à des kilomètres si on connait un peu sa filmographie. Je ne l'ai jamais vu autant se casser la gueule que dans Pietà. Le potentiel était immense, je suis convaincu que ça aurait pu être son meilleur film à quelques paramètres près. J'ai envie de le comparer à Breathless, par son histoire similaire (un usurier ultra-violent en manque d'amour), qui s'en sort tellement mieux. Dans Pietà, rien ne fonctionne comme il faut.


Les personnages sont des archétypes sans fioritures, l'acting n'est pas toujours crédible, les situations sont grotesques et ne se cachent absolument pas d'être seulement des symboles (la scène où le gars va chez un futur papa bien trop content de se faire broyer la main, sérieux c'est trop). Tout est attendu. La scène de shopping entre la mère et le fils ; le fait que la mère se barre la minute d'après que le fils lui dise qu'il craint qu'elle se barre. Pour une fois les personnages ne se taisent pas et c'est bien dommage, vu le nombre de bêtises dites, qui ne laissent aucune place au mystère. Tout ça fait que ce film sonne faux.


Le rythme est inégal : les enjeux sont enclenchés bien trop maladroitement et rapidement (Comment un personnage comme celui du fils peut se laisser charmer aussi rapidement par la prétendue mère ?), et quand ça devient lent, ça dessert complètement le film (La mère qui pleure au-dessus du frigo pendant des plombes, sans vraiment installer l'émotion puisqu'on ne comprend pas pourquoi elle pleure.). Dans Breathless, on prend le temps quand c'est nécessaire et inversement, c'est infiniment mieux géré.


Ce qui pourrait sauver la mise puisque c'est un film de Kim Ki-Duk, ce sont de jolis plans contemplatifs. Raté, le film n’est pas particulièrement beau, hormis certaines scènes comme la dernière, et tout est filmé super serré. Kim a tout fait de travers en voulant casser ses propres codes là où il ne fallait pas, et restant là où on l'attend sur le reste.


Pietà est décevant, bâclé, et extrêmement frustrant quand on pense au film qu’il aurait pu être.

Drone
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le 28 déc. 2021

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