Tiré d’un manga du controversé George Akiyama, le scénario de Jun Takada tient la route même si elle ne va guère loin (n’allons pas chercher les tragédies de Sophocle) et sait éviter le scabreux et le sordide. Le thème de l’inceste frère-soeur a perdu aujourd’hui de son caractère sulfureux qu’il devait avoir dans les années 1970-80 et la force du film s’est donc émoussée actuellement. Cependant, la mise en scène de Yasuaki Uegaki est en tout point remarquable, le souci du détail (la chevelure de Noriko faisant l’amour), le choix des couleurs et des lumières, le montage en contrepoint, cadrages…tout est réussi et mérite un ample détour. L’autre force du film tient au casting : Jun Miho, toute en fraîcheur, beauté et naïveté mais aussi Naomi Hagio, la femme blessée à jamais par le drame initial. La scène où elle fait l’amour au frère de Noriko et où son rouge à lèvre devient tâche de sang est particulièrement révélatrice de son destin foudroyé.
Sur un sujet difficile, le rideau rose se révèle un film intéressant et particulièrement maîtrisé.