Pink Floyd : Live at Pompeii par Prodigy
Comme Let There be Rock était la quintessence filmée d'AC/DC sur scène, Pink Floyd à Pompéi c'est un peu le summum, que dis-je la brillance absolue du quatuor anglais en live, un groupe alors au sommet de sa forme créative - juste après Meddle, en pleine compo de Dark Side of the Moon, et en gestation inconsciente de Wish you were here, excusez du peu. Bien sûr, l'expérience du concert ne sera jamais détrônée par un quelconque film, aussi génial et stéréophonique soit-il, mais Pompéi se prête particulièrement bien au jeu non scénique du Floyd, qui a toujours privilégié sa musique, et avant tout sa musique, à tout esprit de performance gesticulatoire.
Pionnier dans le travail sonore y compris dans ses aspects les plus techniques (le groupe sera l'un des premiers à jouer en quadriphonie), Pink Floyd se met en recul par rapport à ses compositions et le film met parfaitement en valeur ce souhait, même si quelques effets de montage, split screens malheureux et autres surimpressions douteuses essaient - sans succès - de rendre le tout un peu plus péchu et dynamique. Au final, le métrage se présente plus comme une plongée intellectuelle dans la musique parfois ouvertement cérébrale du groupe (A Saucerful of Secrets et ses accents dissonants voire bruitistes, Echoes et ses 23 minutes géniales de pure transe cosmique), parfois à contrario beaucoup plus organique (Mlle Nobbs et son chient chantant). Pink Floyd à Pompéi est de plus un témoignage précieux sur l'un des plus grands groupes du monde (je l'affirme), les morceaux étant entrecoupés de petits instantanés de vie commune, d'interviews, ou de séquences du Floyd au travail.
Voir Waters faire mumuse avec ce qui semble être un séquenceur, alors que Kraftwerk commence tout juste à préparer sa révolution musicale de l'autre côté du Rhin a quelque chose d'assez grisant, tout comme l'est le fait d'apercevoir le génie de Gilmour sur une guitare, qui parvient en trois pauvres notes de solo à tirer plus de feeling de ses cordes que bien des carrières de branleurs de manches pourtant unanimement idolâtrés.
A noter que Pompéi est ressorti récemment dans une Director's Cut plus longue, qui intègre notamment des pseudos plans 3D de l'espace assez immondes, il faut bien l'avouer. Mais on ne va pas cracher sur quelques minutes supplémentaires du Floyd en pleine action, surtout qu'à l'exception de Delicate Sound of Thunder et Pulse, qui datent tous deux de la période post-Waters (et nous imposent donc la soupe infâme que Gilmour a osé composer sous le nom Pink Floyd), c'est la seule occasion de découvrir ce que pouvait être le groupe à la grande époque.