Habitués des albums concepts tels que Dark Side of the Moon, les Pink Floyd accouchent en 1979 de l’album The wall. Enfin je devrais plutôt dire Roger Waters tant son implication dans le projet est primordiale, faisant écho à la place de plus en plus importante que prend le bassiste dans un groupe qui à partir des années 80 commence déjà à se disloquer à petit feu. Pour parachever son œuvre, Waters fait appel en 1982 à Alan Parker afin de mettre en image les chansons de l’album. Ca donnera Pink Floyd The Wall (remercions au passage la traduction française sans qui on ne saurait pas qu’il s’agit bien d’eux), opéra rock halluciné nous emportant dans un univers foisonnant. The wall à son authenticité, sa fraîcheur, son énergie. On sent bien derrière le film et les chansons la rage sourde qui anime Roger Waters. Une volonté de tout balancer, quitte à trop en faire, tenter le tout pour le tout, et le sortir une fois pour toutes. La dénonciation est forte bien sûr, que ce soit celle de l’éducation rigide des années 60 (on voit clairement poindre les idées de mai 68), de la guerre qui a rarement été filmé aussi près des corps estropiés, mais aussi de la société de consommation et bien sûr cette comparaison qui fit scandale et pour autant sublime du star-system et du fascisme. Mais la grande réussite, ce qui fera de The wall un film culte pour certains, c’est l’alchimie parfaite qui existe entre le son et l’image. Alan Parker réussit ce tour de force rare de mettre en image un univers psychédélique riche tout en réussissant à captiver le spectateur. Ni la musique ni les images ne prennent le pas l’un sur l’autre, le tout se tient impeccablement et l’un se nourrit de l’autre. On pense au Yellow Submarine des Beatles, on plane sur la musique et les images. Si bien qu’on ne peut plus aujourd’hui écouter The wall sans penser au film, et inversement.