10 ans après son dernier film, le réalisateur/scénariste/musicien italien Enzo D’Alo est de retour avec une nouvelle adaptation d’une des histoires les plus célèbres : Pinocchio.
Vous connaissez tous la version de Walt Disney, certains connaissent peut-être celle de Steve Barron, mais aujourd’hui, je vous parle de celle de D’Alo !
Quelle belle déception que ce Pinocchio. J’aime bien l’histoire originale, le Disney aussi bien entendu, et j’avais regardé avec gourmandise ce que m’offrait les bandes-annonces de la nouvelle adaptation. C’était très beau, semblait plutôt rythmé et je me faisais donc une joie de découvrir tout ça.
Mais voilà, une fois confortablement installé dans mon fauteuil de la salle miteuse où je le regardais (triste sort habituel pour les films d’animation hors gros studios dans les salles parisiennes), c’est avec un effroi non dissimulé (j’ai le visage expressif) que je me suis aperçu que ce que j’en avais vu n’était que de la poudre aux yeux. Oh bien sûr, on m’avait plus ou moins prévenu, mais je suis du genre curieux et je voulais y croire. Mais non.
J’ai dit poudre aux yeux, mais c’est exactement ce que j’ai ressenti : graphiquement, il est vraiment très sympathique et intéressant. Mélangeant une sorte de style pastel/peinture pour les décors magnifiques aux couleurs contrastées et chaleureuses, avec une animation en 2D par ordinateur aux traits fins, c’est très agréable, à la limite de la poésie visuelle.
De plus, le design des personnages par Lorenzo Mattotti est très bon (avec une mention spéciale pour le Chat et Mangefeu, que j’ai beaucoup aimés) et l’animation de ceux-ci plus que correcte. Mon seul bémol sur cet aspect irait peut-être au personnage de Pinocchio, qui fait peut-être trop humain par l’aspect et les mouvements, même si les bruits de bois qui l’accompagnent ainsi que des capacités physiques supérieures à celles de ses camarades compensent cet aspect.
Mais malheureusement, c’est bien globalement un des seuls points positifs que je lui ai trouvé, à ce film.
Pour le reste, je pourrais lui reprocher beaucoup de choses. Déjà un côté très braillard. Je pensais que c’était la salle, mais en fait non, on m’a confirmé que c’était bien le film. Pinocchio passe sont temps à parler, à crier, ce qui va très bien à son comportement de gamin façon “p’tit con” qu’on dirait presque sous speed, mais au final, ça donne mal au crâne. Et ce n’est pas le reste des personnages qui va rattraper le coup, ni la bande son beaucoup trop forte et mal balancée. Par moment, c’en était insupportable.
Autre point que je pourrais lui reprocher, c’est son côté chaotique. On pourra dire ce qu’on voudra sur le chef d’oeuvre de Disney (notamment que c’est une version light de l’histoire originale), mais dans celui-ci tout s’enchaîne de façon fluide et efficace, ce qui est loin d’être le cas de la version de D’Alo. Les scènes se suivent sans grandes liaisons et plusieurs fois je ne comprenais pas le pourquoi du comment de la suivante, avec des facilités dans le scénario (la morale finale en étant un bon exemple).
Et c’est dommage, car l’histoire était abordée d’une façon différente, plus extravagante je dirais, ce qui était intéressant, même si parfois ça partait vraiment trop loin (la scène des docteurs, avec fond de musique techno, est… spéciale. Un peu comme le clip de Love Is All).
Au final, ce Pinocchio aurait pu être une belle surprise. Avec ses graphismes qui sortent de ce que on est habitué à voir dans le panorama des films d’animation, son histoire plus complète et plus proche du livre (enfin il parait), ainsi que ses personnages intéressant, le film disposait de bons atouts pour se démarquer.
Mais avec son personnage principal qui ne fait pas ses bêtises sous le coup de la naïveté mais plutôt de la turbulence, sa bande son insupportable en général (et c’est dommage, car certaines chansons sont très sympas) et ses problèmes de rythme et de construction des scènes, le film en devient difficile à regarder pour le jeune adulte que je suis. Cependant, les enfants apprécieront surement vu le côté humoristique du personnage de Pinocchio.
A voir donc si vous avez des enfants, ou que vous êtes curieux.