A partir de la fin des années 50, durant une dizaine d'années, Chako van Leeuwen va connaître un certain succès en tant que comédienne au Japon. Mais à l'aube des années 70, elle décide de mettre un terme à sa carrière d'actrice et part s'installer aux États-Unis. Là, elle va se lancer dans le métier de productrice et va apprendre les ficelles du métier auprès de Roger Corman.

C'est elle qui va apporter l'idée de Piranha à Roger Corman. Toutefois, si le film rapporte énormément d'argent, le fameux producteur ne sera pas convié à en faire la suite. En effet, Chako van Leeuwen quitte Roger Corman et décide de produire le film, elle-même, avec sa société de production Chako Film Co. tout en s'acoquinant avec le producteur Ovidio G. Assonitis qui œuvre en Italie.

Ayant travaillé sur Piranha en tant que producteur exécutif, Jeff Schechtman choisit de suivre Chako van Leeuwen alors que Miller Drake est pressenti pour assurer la réalisation du film. Ce dernier ne fera pas long feu puisque Ovidio G. Assonitis ne lui laisse pas le temps de filmer quoi que ce soit et décide de mettre Miller Drake sur la touche. A sa place, on fait appel à un jeune technicien, spécialiste des effets spéciaux.

James Cameron est alors embarqué sur le tournage de Piranha II : The Spawning et va prendre les commandes, pour la première fois, d'un long-métrage. Un rôle qu'il ne va pas tenir longtemps puisque suite à une mésentente avec Ovidio G. Assonitis, il est mit hors jeu au bout de deux semaines et demi de tournage. Le reste du métrage sera réalisé par Ovidio G. Assonitis qui assurait jusqu'ici la direction de la seconde équipe du film. Bien que mis à l'écart, James Cameron est tout de même gardé sous le coude pour des raisons contractuelles nécessitant un réalisateur américain au générique.

Piranha II : The Spawning sort en 1983 avec James Cameron au générique (alors qu’il n’a pratiquement rien fait) et avec H. A. Milton crédité comme scénariste (alors que c’est un nom d’emprunt pour remplacer celui de James Cameron, de Ovidio G. Assonitis ou de Charles H. Eglee).

A vue de nez, il s’agit d’une énième repompe de Jaws qui à quelques évocations près ne se donne même pas la peine d’entretenir le lien avec le premier film. Joe Dante reprenait lui aussi la structure du film de Steven Spielberg, usant d’étapes imposées dans ce sous-genre peu enclin au renouvellement, mais il se démarquait tout de même du tout-venant par ses poissons d’eau douce. Pas de ça ici. Nous sommes dans l’océan, dans un patelin touristique. Niveau zéro de l’imagination, pense-t-on…

Malgré tout, on ne peut que songer à certains futurs films de James Cameron. Le milieu aquatique et les nombreuses scènes de plongée ne sont pas sans évoquer The Abyss ou Titanic, la lutte finale dans les coursives de l’épave ressemble un peu à celle de Aliens, l’héroïne forte en gueule et en actes tout en restant un minimum féminine donne un bref aperçu de Ellen Ripley, et la scène dans laquelle un piranha fait exploser le ventre d’une de ses victimes se passe de commentaire. Et puis il y a Lance Henriksen dans la distribution. Mais à vrai dire, il faut vraiment connaître James Cameron pour détecter ces parentés entre ce film et tous les films cités.

Malgré ces quelques tics d'écriture de James Cameron, ça ne sauve pas le film du naufrage.

Dans le premier film, des maîtres des effets pratiques comme Phil Tippett et Rob Bottin ont donné vie à des créatures crédibles et terrifiantes, malgré un budget modeste. En revanche, ici, les piranhas volants sont mal réalisés, rigides et ridicules, rendant l'horreur involontairement comique. L'équipe d'effets spéciaux, probablement italienne et beaucoup moins expérimentée, n'avait ni le talent ni les moyens de livrer des créatures convaincantes, ce qui contribue à l'échec total de l'aspect visuel du film.

Les acteurs sont, pour la plupart, catastrophiques, avec une majorité d’italiens sans réel talent, castés probablement pour des raisons de budget. Même Lance Henriksen, pourtant un acteur solide, est complètement sous-utilisé, piégé dans un rôle sans profondeur. Les personnages sont tout aussi plats et mal écrits : ils manquent de charisme, d'évolution, et leurs dialogues sont creux, ce qui rend impossible toute connexion émotionnelle avec le spectateur. Résultat, aucune des performances ne sauve le naufrage global du film.

On tente de reprendre les recettes classiques de Roger Corman, nudité et violence, qui avaient fait le succès du premier film. Mais ici, ça ne fonctionne jamais. On a le quota de nichons, mais violence manque totalement d'impact. Les attaques des piranhas volants sont plus risibles qu'effrayantes, et l'absence de suspense ou de créativité dans la mise en scène empêche toute montée d'adrénaline. Ce recyclage des formules Corman tombe à plat, sans aucune étincelle.

La légende court que James Cameron aurait profité de l'absence de Ovidio G. Assonitis pour pénétrer par effraction dans la salle de montage, et y mettre au point sa propre version du film. Découvert en flagrant délit, il ne put malheureusement imposer son travail à la production. Bien que les faits n'aient jamais été complètement confirmés par James Cameron, il existe bel et bien une version dite « Director's cut » qui circula un temps en VHS et en Laser Disc.

La version de Piranha II : The Spawning que j’ai vu est une série B italienne fauchée qui échoue sur tous les plans. Malgré quelques tics d’écriture de James Cameron et la présence de Lance Henriksen, le film souffre d’effets spéciaux médiocres, d’acteurs sans talent et de personnages mal écrits. En tentant de recycler les recettes de Roger Corman le film n’arrive jamais à recréer l’efficacité du premier volet. Résultat : un spectacle raté, sans tension, ni charme, qui plonge directement dans les bas-fonds du cinéma d’exploitation.

StevenBen
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Steven Benard

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