L’entertainment ne recule devant rien : voilà que Disney décide, en 2003, d’adapter une attraction d’un de ses parcs, ces croisières à thèmes où l’on traverse des décors enchanteurs, avec automates, ambiance musicale et pyrotechnique. Le projet a de quoi laisser dubitatif, d’autant que les films de pirates sont souvent chers et promis à la même malédiction que celle dont ils traitent, à savoir un bide abyssal.
On sait aujourd’hui à quel point la franchise s’est imposée, alors qu’un cinquième volet est actuellement en tournage. Regain pour la piraterie cinématographique, rebond pour la carrière de Depp et son emblématique personnage Jack Sparrow, débauche d’effets spéciaux, intrigue à rallonge avec autant de trahisons et revirements que dans les Mission : Impossible, tout sourit au studio.
Il faut reconnaître au film une belle efficacité. Décors plantureux, une dose de dérision suffisante en la personne de Sparrow pour alléger les pesanteurs du blockbuster, l’équilibre est savamment travaillé. L’entrée du protagoniste sur un bateau qui coule résume bien la posture : en mettre plein les mirettes sans se prendre trop au sérieux.
Deux constituantes majeures font de Pirates des Caraïbes une attraction cinématographique : l’inventivité dynamique et le grand spectacle. La première se voit dans la rencontre à l’épée entre Bloom & Depp dans la forge, où l’on exploite tous les ressorts possibles des accessoires, planches, poutres, engrenages, pour un combat de haute volée qui nous renvoie aux belles heures de voltige d’un Errol Flynn quelque 70 ans auparavant. La seconde se joue dans les effets assez réussis des pirates zombies passant sous l’éclairage de la lune, notamment cette très belle marche sous-marine.
Le reste décline avec le savoir-faire propre aux américains tout le cahier des charges attendu : tempêtes, abordage, jambe de bois et perroquets, musique pompière et damoiselle peu farouche.
C’est un peu long, ça parle un peu trop, on gagnerait à dégraisser le mastodonte d’une petite demi-heure, mais l’ensemble reste plaisant et exploite avec honnêteté tout le potentiel d’un home cinema un jour de vacances avec la marmaille.
(6.5/10)