Voilà sept ans que Pirates des Caraibes n'avait pas mis pied à terre, depuis un retour plus que contrasté. Tout le monde souhaitait un nouvel épisode à la hauteur de la trilogie de Disney qui s'est faite une place dans le panthéon des meilleures sagas du cinéma. Le film s'est fait attendre et le voici enfin faire pied à terre. Alors, verdict ? Décevant, malheureusement.
Très décevant même personnellement. Cet opus fait pâle figure par rapport à la qualité des trois premiers, même s'ils ne pas parfaits, mais j'y reviendrai plus tard. Je ne dis pas que le film est complètement raté car il possède néanmoins des qualités indéniables.
Son principal point fort se situe dans les effets spéciaux. L'équipage de Salazar est bluffant, le travail sur les environnements est très réussi et les (rares) scènes d'action également.
La scène du Black Pearl est également très bien faite visuellement.
Si je dois retenir une scène du film, c'est bien évidemment celle qui a été révélée dans les bandes annonces. Les origines de Salazar et sa rencontre avec Jack Sparrow, jeune. On sent une satisfaction de voir les origines de l'emblématique capitaine avec son humour et sa malice légendaire.
Malgré cela, je reste sur ma faim. Le profond regret de voir une saga qui a pour ambition de continuer de voguer sur l'océan alors qu'elle n'a plus les mêmes armes ou les mêmes moyens qu'auparavant. Qu'est ce qui fait la différence entre ce film et les trois premiers ? J'en vois 4 personnellement.
Verbinski, reviens !!!
Je me suis demandé, avant de voir PDC 5, pourquoi Gore Verbinski a réalisé ce genre de films, qui paraissait différent de son style de base. Il est plus connu pour des films d'épouvante avec des ambiances stressantes, loin du style humoristique de PDC et de Jack Sparrow. Et j'ai fini par comprendre qu'il s'agit bien plus qu'une comédie. Car au dela de l'environnement des pirates, une écriture est particulièrement soignée au niveau des personnages, et c'est là que l'on reconnait Verbinski. Car il aime développer des personnalités sortant du commun, indécises, psychologiquement déséquilibrées, vivant dans un univers sombre et imaginaire. C'est le cas dans PDC et Jack Sparrow en est la parfaite illustration. C'est un pirate à la fois lâche et courageux, à la fois compatissant et antipathique, un personnage complexe, difficile à comprendre et surtout imprévisible. Verbinski s'amuse même avec lui dans le troisième film en dévoilant aux yeux de tous sa schizophrénie. On peut même aller plus loin en disant que tous les personnages sont atypiques car tous sont dans l'incertitude (Will refuse que son père soit un pirate mais doit ensuite accepter qu'il en est un, Elizabeth Swann doit finalement tout abandonner pour suivre Will, Norrington change régulièrement de camp, notamment par amour pour Elizabeth...). En bref, Verbinski a créé un univers propre mais cohérent avec le thème des pirates et des personnages incertains mais anecdotiques.
Dans ce PDC 5, cette nuance est clairement absente, surtout chez Jack Sparrow qui est plus devenu un clown qui enchaine les gaffes, ayant perdu tout son courage. Ce qui diverge de l'inconstant capitaine que l'on a adoré détester auparavant. La pâte qui fait la distinction entre la saga et les autres oeuvres semblent être partie avec verbinski et c'est vraiment dommage.
Tiens, j'ai cru voir Yondu ? (atttention spoil)
Ce qui m'a le plus déçu dans ce film, c'est qu'il est très prévisible. Cela m'a même déconnecté entièrement du film car je savais ce qui allait arriver. Deux évènements majeurs sont à noter dans ce film et les deux peuvent être devinés facilement. La raison est que les systèmes utilisés pour les introduire et nous les faire deviner sont classiques et déjà vus des dizaines de fois dans de nombreux films.
Pour le premier, le fait d'insister sur le père de Carina nous fait deviner qu'il s'agit d'un personnage que l'on connaît et par élimination, on en vient rapidement à la conclusion que Barbossa est son paternel.
Les films sont parfois des jeux d'énigmes avec des indices ou des fausses pistes que les réalisateurs cachent pour nous faire deviner ou nous faire imaginer un évènement. Certains sont très bien faits comme le film sixième sens. Mais le cas de PDC, c'est tellement évident que la fin perd de son intérêt.
Concernant le deuxième, l'élément qui me l'a fait deviner est un autre film : les gardiens de la galaxie Vol 2, sorti un mois avant. Il y est notamment mis en scène la mort d'un personnage, Yondu. En comparant les deux scènes, on tire la conclusion que le même déroulement a été utilisé pour le décès de Barbossa. Le personnage, avec un ressenti plutôt mitigé, est mis dans une position délicate (voire mortelle) pour créer de la compassion et qu'il devienne au fil du film un "héro secondaire" pour laquelle le décès sera un choc chez le spectateur. Le moyen pour créer encore plus de compassion est le rapprochement entre le futur mort et un personnage principal qui se fera sous le signe de la famille pour souligner encore plus l'instant tragique".
Peut-être que si je n'avais pas vu les deux films dans un temps si court, je n'aurai pas fait le rapprochement mais force est de constater que cela a joué dans la compréhension du film. Le pire dans tout cela, c'est que ce sont deux films Disney et donc deux films du même studio qui ont des points communs flagrants dans leur réalisation. Cela amène au troisième point.
Disney, spécialiste des caméos
Avec le rachat de Star Wars, Disney dispose aujourd'hui d'une armada de licences cinématographiques qu'elle exploite à son bon vouloir (Marvel, PDC, Star Wars).
En ce moment, une tendance revient quand même régulièrement, celle du caméo. Elle se retrouve dans quasiment toute les licences : certains avengers dans les différents films Marvel et les anciens personnages dans Star Wars. PDC ne déroge pas à la règle et nous pouvons remarquer le retour de certains personnages qui n'étaient pas présents dans le 4.
Nous étions au courant pour Will Turner mais celui d'Elizabeth Swann a été beaucoup discret, sans oublier les deux compères mullroy et murtogg).
Attention, je ne critique pas les caméos. Je suis au contraire très content de retrouver les anciens personnages dans Star Wars par exemple. Ce qui me gêne le plus, c'est que certains sont mis en avant sans réel intérêt, simplement pour faire plaisir aux spectateurs le temps de quelques minutes.
L'exemple d'Eilizabeth Swann est pour moi le plus flagrant.
" Ce que tu dis n'a aucun sens" (attention spoil)
Le point le plus important, et le plus gênant selon moi, c'est l'incohérence du film. Par pur besoin scénaristique ou par simplicité, cet épisode nous raconte une histoire, selon moi, un peu bancal et une fin illogique ou qui ne nous donne pas d'éléments pour la justifier. Ce ne sont donc pas de petits éléments qui peuvent passer inaperçus mais de véritables moments clés du film. Le détail se trouve dans la zone spoilée ci-dessous.
Les personnages trouvent très souvent la solution quand la scène passe sur eux sans aucun moment de reflexion avant.
Le simple fait que Jack abandonne son compas libère Salazar.
Si le trident lève les malédictions, alors il semble plus logique que les équipages hantés de Salazar et du hollandais volant meurent définitivement. Et du coup Will Turner également.
Je n'ai pas parlé d'autres points qui me paraissent ratés comme les nouveaux personnages. Le capitaine Salazar n'a pas autant de charisme que Davy Jones, Henry Turner est complètement inutile et Carina rattrape le coup même si elle peut se montrer très agaçante à certains moments
En conclusion, même si La Vengeance de Salazar possède certains atouts tout à son honneur (notamment visuels et techniques), il est loin d'être à la hauteur des films de la première trilogie. C'est vraiment dommage pour une saga comme celle-ci d'échouer une deuxième fois après la Fontaine de Jouvence qui a été une déception pour tous les adorateurs. On peut se dire que cela fait surement suite au changement réalisé derrière la caméra mais pas que. On peut avoir l'impression que Disney profite de la notoriété de PDC pour la continuer mais sans réellement chercher à garder ce qui fait son succès. C'est vraiment triste pour une saga qui a marqué le début du 21è siècle. Ce que l'on peut espérer, c'est que cet épisode soit véritablement la fin et que Jack Sparrow continuer de voguer sur les océans sans que plus rien ne lui arrive.