Pirates et Guerriers
6.7
Pirates et Guerriers

Film de King Hu (1975)

Dans un référentiel tout à fait subjectif, les films de King Hu dans le registre des arts martiaux de Pirates et Guerriers sont de ceux qui articulent chorégraphie, mise en scène, narration et thématiques avec la plus grande aisance et la plus claire efficacité à l'échelle des wu xia pian de toutes nationalités. Les deux principales forces qui se dégagent très rapidement, en opposition avec d'autres styles et d'autres cinéastes de cette catégorie : l'utilisation et la mise en valeur des décors naturels, d'une part, et d'autre part la dynamique de montage pour toutes les scènes de baston.


Le cadre du récit taïwanais offre une opportunité en or. On est au XIIIe siècle sous la dynastie Ming et l'empire chinois est assailli par les pirates japonais qui ravagent les côtes du royaume : l'empereur missionne un petit groupe de guerriers pour sécuriser la zone du littoral par tous les moyens, ce qui offre à King Hu un décor tout trouvé, avec ces régions côtières battues par les vagues et au sein desquelles un ennemi se cache derrière chaque rocher. Des décors naturels qui tranchent de manière sérieuse avec la plupart des productions de l'époque dans ce registre, avec ce fameux carton-pâte hongkongais omniprésent (qui peut malgré tout avoir son charme), et c'est un véritable bonheur de parcourir les différents endroits avec les personnages, les forêts, les sentiers le long des berges, les terrains caillouteux, mais aussi quelques séquences en intérieur particulièrement mémorables.


Qui dit wu xia pian dit fatalement grosse tatane (au sens propre d'ailleurs, puisque beaucoup de séquences de baston se font à mains et pieds nus), et s'il faut attendre sagement avant de voir les premières inimitiés éclater en combats acharnés, c'est pour mieux nous régaler avec des affrontements franchement géniaux en intensité. Une intensité qui va d'ailleurs crescendo jusqu'à la dernière partie, avec des combats plus condensés, avec moins de personnages, mais qui deviennent des montagnes russes et tournoient dans tous les sens à la faveur d'un montage hallucinant — on peut légitimement suspecter une prise de drogue à certains postes techniques. Et forcément, le point culminant est sans doute atteint avec Sammo Hung, grand chorégraphe devant l'éternel, qui joue également le rôle du grand méchant dans le film, avec Yuen Siu-tien et Yuen Biao à ses côtés dans le casting. Entre la percussion des lames, le sifflement des flèches, et le jaillissement des coups, le rythme est souvent incroyable. Le duo de protagonistes mari et femme donne en outre un parfum singulier au récit, et achève de nourrir une esthétique passionnante qui parvient à s'approcher de l'inégalable et merveilleux A Touch of Zen.


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Morrinson
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le 13 juin 2024

Critique lue 34 fois

Morrinson

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