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On peut quand même s’étonner qu’Umberto Lenzi ne se soit pas davantage frotté au western. Lui, l’admirateur de Raoul Walsh et le chantre d’un cinéma violent et rythmé n’a réalisé que ce Pistolets pour massacre, autrement appelé La Malle de San Antonio. Fidèle à ses futures habitudes, le réalisateur installe son récit à une vitesse pétaradante. En moins d’un quart d’heure, le personnage de Jim Slade, témoin de Jéhovah, est condamné aux travaux forcés car il refuse de porter les armes, est libéré au bout de deux ans et la fin de la guerre, découvre ses parents assassinés, se résout à prendre les armes, tue trois des quatre assassins et découvre l’identité du dernier. D’un récit traditionnel de vengeance, le film glisse sur un autre terrain où un village est l’enjeu d’un magot de 200 000 dollars. La bande de Corbett (le quatrième meurtrier) veut dérober cette belle somme et la ville, presque désertée, se cherche un homme de loi courageux pour faire face aux bandits. Cet homme sera évidemment Jim Slade qui veut la mort de Corbett.


Le propos du film est évident : tirer à boulets rouges sur l’appât du gain, lequel rend littéralement fou la population. La grande originalité du film est, d’ailleurs, de mettre en scène de véritables fous, enfermés dans la prison de la ville car l’asile où ils étaient détenus a brûlé. Mis en scène comme les morts vivants de George A. Romero, ils incarnent cette folie et cette terreur qui s’emparent des hommes dès que l’argent est en jeu. L’idée est lumineuse mais il est regrettable qu’Umberto Lenzi et ses scénaristes n’aillent pas au bout de cette idée qui déplace le récit aux frontières du fantastique. La minceur (quantitative, principalement) des autres personnages vivant en ville ne permet pas de faire basculer l’histoire dans une symbolique plus forte, ce qui est fort dommage. Et la place qu’occupent les fous dans le récit est plutôt maladroite. Au lieu de cela, le film préfère se recentrer sur l’affrontement prévisible entre Jim Slade et Corbett. Habilement, il fait mine de nous proposer une histoire d’amour, laquelle n’a finalement jamais lieu car les personnages masculins ont d’autres préoccupations, ce qui est très bien vu.


Le véritable ennui du projet est le personnage principal. Sorte d’ange juvénile au début de l’histoire, il devient un ange exterminateur sans pitié tout de noir vêtu. On comprend mal comment son désir de vengeance a pu, à ce point, le transfigurer. Surtout, Umberto Lenzi fait le choix d’occulter totalement son apprentissage des armes à feu. Lui, le réfractaire aux armes à feu, devient en un claquement de doigts l’une des meilleures gâchettes, ce qui ne réussit pas à donner une allure fantastique à son personnage. Au contraire, le récit prend en ce sens une dimension très caricaturale, la question religieuse n'étant qu'effleurée. Plus intéressant est la façon dont Umberto Lenzi montre combien cet ennemi du désordre devient l’objet même du désordre. Mais, là encore, le réalisateur ne va pas tout à fait au bout de son propos. Au lieu de cela, il nous concocte un ensemble de péripéties plutôt grossières qui trompent peu le spectateur. Il en résulte un film sympathique mais qui ne sort pas franchement du lot de la production habituelle. Dommage.


5,5

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