Strong survival instinct. I admire that in a woman.
Il y a des films comme ça qui sont incroyablement différents de ceux qu'on aime habituellement, mais qu'on aime pourtant plus que de raison. Pour moi, Pitch Black est un de ceux-ci.
J'aime bien regarder des films d'actions avec des répliques badass, je vais pas prétendre le contraire, mais ils me laissent rarement des souvenirs impérissables. Alors Pitch Black, avec ses combats musclés contre des aliens et Vin Diesel en tête d'affiche, avait un peu tout pour rentrer dans cette catégorie.
Mais Pitch Black s'avère être bien plus que cela.
C'est un film de survie à l'ambiance lourde, un équipage en perdition sur une planète inconnue, confrontée à moult dangers. C'est un film violent où les morts s'enchaîneront, où le sang giclera, où on n'hésite pas à tuer un gosse dès le début. C'est une esthétique qui jouera sur la dualité jour/nuit, en étant tour à tour extrêmement lumineux à en saturer l'image, et extrêmement sombre à ne plus rien y voir. C'est une histoire tournant autour des prédateurs et des proies, où la proie cherchera à devenir le prédateur, et où proies et prédateurs deviendront les proies de plus gros prédateurs. C'est un film où celui qui est présenté comme le héros est également présenté comme le méchant, ce qui nous laisse dans un état de doute constant quant au positionnement que l'on doit tenir. Riddick est notre héros, mais notre héros terrifie les innocents et joue au chat et à la souris avec eux, c'est légèrement perturbant. Riddick est immoral, il aime tuer et faire peur, et il n'hésite pas à le faire.
Cette ambiguïté fait pour moi le coeur du film. Au diable les héros badass gentils habituels, où les antihéros charismatiques mais restant politiquement corrects ! Riddick n'est ni un héros, ni un méchant, c'est un animal. Un animal qui cherche à survivre, sans se préoccuper du reste. Ce que j'adore, c'est à quel point ils ont réussi à bâtir ce personnage en seulement vingt minutes de film, en lui conférant dès le début une réputation de monstre sanguinaire dont on ignore les capacités. Une réputation immédiatement acceptée par le spectateur, alimentée par de nombreux mystères et des capacités hors du commun. Ainsi, le respect est d'ores et déjà posé, la fascination opère.
Dans ce contexte, le film peut lancer son attaque de monstre et se révéler plus qu'efficace. Une ambiance sombre, un rythme effréné, des aliens au design très réussi, des scènes de suspense d'anthologie, une menace constante et grandissante. C'est vraiment maîtrisé, et les relations entre les personnages (le truc habituellement très chiant dans les films du genre) sont ici intéressantes et mèneront à diverses surprises. Rien à dire là dessus, tout nous tiendra en haleine, et Riddick n'en finira plus de tirer le film vers le haut.
Les clichés hollywoodiens ne viendront pas ternir le personnage, qui restera fidèle à lui-même du début à la fin, allant jusqu'à questionner la morale à de nombreuses reprises. Le film joue d'ailleurs beaucoup sur les dualités : le jour et la nuit, les prédateurs et les proies, l'homme de foi pacifiste et le psychopathe belliqueux.
Pitch Black, c'est quand même un scénario mindfuck avec un équipage qui s'écrase pile quand il fallait pas, mais qu'est-ce qu'on s'en fout. On nous offre un film de SF d'ambiance, un héros marquant, des punchlines de folies, un humour noir cynique ravageur, des scènes d'actions musclées et intenses, alors on ne va pas s'en plaindre. Les amateurs adoreront, les réfractaires resteront de marbre. Voilà d'ailleurs une nouvelle dualité au service du film.