Si il y a un personnage qui ressort du lot d’immondes moulasses faisant figure de héros dans ce filet de pêche pas fraîche que représente le cinéma de genre depuis le début des années 2000, c’est bien Riddick.

John Rambo, Snake Plissken et le major Dutch Shaefer ont partouzé, et de cette union naquit Richard B. Riddick : fumier psychopathe, salopard nyctalope, Jesus Christ super star du coup de pieu au cul. Fils de pute défenseur de l’orpheline ; ton cœur sur la main et lame généreuse.

Quand je serai grand je veux faire Riddick comme métier.

Avant de devenir le Space Opéra ambitieux mais frustré imaginé par Towhy et les frères Wheat (j’y reviendrai éventuellement si je me décide à écrire un billet sur Les Chroniques de Riddick), l’univers tournant autour du furien se résumait d’abord à une sorte de huis clos SF fauché comme les blés embarquant une poignée d’inconnus dont Vin Diesel, qui décidera de faire le plein de films en roue libre par la suite, et Radha Mitchell —sorte de Naomi Watts du pauvre— aperçue plus tard dans la petite bourgade touristique de Silent Hill ou aux côtés de Depp dans Neverland.

Ouais, je vous vends du rêve, là, hein.

Faut être honnête, Pitch Black, au début, ça sent le fond de tiroir de fin de mois. On a l’impression que le vaisseaux est filmé dans le garage du tonton avec récupération des chutes du remplacement de la chaudière, les CG ont l’air d’avoir été commandés à l’infographiste responsable des visuels de Xena la guerrière, et puis le directeur photo prend du LSD —c’est sûr ; filtres immondes et saturations épileptiques en témoignent.

Mais si on est honnête, on remarque aussi assez vite la nervosité de la réalisation et du montage, démarquant dès la séquence du crash en introduction le petit plaisir coupable fauché qui nous attend de la médiocrité friquée qui envahit alors les écrans (Matrix, MI2, Charlie’s Angels etc).

Riddick est introduit efficacement : une silhouette scellée par un avertissement, des yeux étrangement bandés, une masse dans la pénombre, une menace contée, et finalement deux éclats nacrés dans l’obscurité, évoquant l’animosité féline du personnage qu’une démarche feutrée et une gestuelle calculée confirmeront.

Ça vous un fait un badass ça, oui madame.

Je comprends que l’on puisse assez difficilement souffrir le manque flagrant de moyen, surtout dans la première moitié —laide en diable, d’autant que ça cause pas toujours avec conviction. Mais la partie qui nous intéresse et qui donne son titre au film tient plutôt bien ses promesses ; révélant la vraie menace de l’histoire, anonyme, presque sans visage, et implacable. Riddick n’a plus qu’à véritablement passer au premier plan. Le chasseur chassé baignant dans l’obscurité comme un poisson dans l’eau, Towhy n’avait plus qu’à détourner ses faiblesses formelles pour en faire un atout. La tension et le rythme sont bien menés, le jeu de Mitchell porte ses camarades sur ses épaules et sauve beaucoup de meubles, l’action ne déçoit pas, Diesel carbure (trop drôle) et on sent tout le potentiel que le personnage pourrait réserver en cas de future franchise.

En revoyant Pitch Black j’ai retrouvé à peu près les mêmes sensations que la première fois, à sa sortie en galette. Excepté que je suis désormais convaincu que les choix artistiques des scènes de jour sont d’un goût douteux, malgré leur cohérence. Un bon petit plaisir coupable porté par un personnage principal aux épaules larges, fauché et presque insolent dans son efficacité, de facto.

En plus quand Diesel tue, il le fait sans plomb.

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Critique des Chroniques de Riddick : http://sens.sc/1a2AKgQ
Critique de Riddick : http://sens.sc/15IAh3h
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