Après une poignée de gentils films de SF qui n'ont pas franchement fait trembler le box office, David Twohy accepte de réaliser un projet dont il n'est pas l'auteur, et, sweet irony, connaîtra son seul véritable succès au box office !
Le film est un joyau.
Sans mauvais jeu de mots, il affiche une noirceur en ce qui concerne les rapports humains qui annihile 50 ans de films-de-monstres. Finis les " Allez-y ! Je reste ici et je les retiens, je me sacrifie pour vous !! Argl ! ". Les personnages de Pitch Black sont tous et toutes des fils-de-putes de survivants égoïstes qui ne pensent qu'à leurs gueules. Les enfants meurent, Y'a pas d'histoire d'amour à la con, et le mot " espoir " semble complètement banni.
Semble, ai-je dit, car en effet, David Twohy a quand même mis la main à la pâte du scénario pour chouchouter son personnage fétiche : Riddick.
Sorte de recyclage du Mariner de WaterWorld ( C'est un survivant solitaire avare en mots, et doté d'une particularité physique atypique qui lui permet d'être au top dans le monde où on le plonge ) il est présenté comme un dangereux criminel, mais on finit par voir, puisque tous les autres personnages sont eux-mêmes des salopards, qu'il n'est pas si vilain, et qu'il s'interroge jusqu'au bout sur la valeur de l'entre-aide face à celle de la survie.
Il finit par être surpris par Fry, qui paye de sa vie le fait d'être venue à son secours...
Alliant une maîtrise et une audace technique hors du commun, la photo de David Eggby complètement javellisée dans les scènes de jour, et avançant sans cesse de nouvelles trouvailles pour diriger le regard lors des scènes de nuit est sans doute ce qu'Hollywood a pondu de mieux ces dix dernières années ( et peut-être même les dix précédentes...)
Une rumeur persistante dit que Graeme Revell a recyclé certains motifs de sa partition refusée de Eaters of the Dead, ce qui donne au film un ton mi-tribal mi-orchestral assez percutant et un thème principal qui reste longtemps dans les oreilles.
Et, évidemment, le cast est impeccable, les seconds couteaux meurent à tour de bras, et Vin Diesel trouve LE personnage de sa carrière, malgré l'échec retentissant du deuxième opus.