"Pixote" est sans doute le film le plus impressionnant et le plus maîtrisé sur le tiers-monde des enfants et des adolescents depuis "Los Olvidados" de Buñuel : cette stupéfiante descente dans les bas-fonds brésiliens est si réaliste qu'elle nous apparaît d'abord comme un documentaire. Peu à peu, Babenco bascule dans le mélodrame expressionniste, et délaisse le réquisitoire socio-politique en optant pour l'émotion et l'étude psychologique, et réalise un thriller brûlant, un tableau visionnaire sur le massacre des innocents : ce choix fait la force émotionnelle du film, mais en constitue aussi la limite puisqu'on retrouve les codes plus "confortables" du spectacle.
[Critique écrite en 1982 - avant de vivre au Brésil, ce qui est important...]