Après plusieurs explorations cinématographiques, Plaire, aimer et courir vite marque le retour de Christophe Honoré à ses premiers amours : le «drame urbain romantique» . Selon le même principe que Les bien aimés ou Les chansons d'amour, les protagonistes du film se retrouvent confrontés à un destin tragique qui perturbe leurs sentiments. La mort autrefois, la découverte de l'homosexualité une autre, cette fois-ci il s'agit du sida dans les années 1990. Un récit qui a su s'émanciper de son prédécesseur cannois, «120 Battements par minute». Loin des éclats de voix des membres d'Act-up, le film rend compte de ceux qui n'ont pas décidé de s'engager dans une lutte publique et personnelle contre la maladie. Le film s'attache néanmoins à décrire un mouvement contradictoire : l'un, malade, abandonne tout espoir de survie face au sida et l'autre s'abandonne aux promesses de la vie. Rythmée par un choix de musiques toujours très travaillé, la finesse du récit tient dans le parfait équilibre entre le drame et la comédie. Vincent Lacoste apporte, en plus d'une performance maîtrisée et intelligente, un ton léger et nécessaire. L'intelligence de la mise en scène de Christophe Honoré transparaît dans son désir de faire succéder aux multiples scènes dramatiques des scènes de joie introduite par Vincent Lacoste, de désamorcer par la jeunesse la sévérité de la vie du personnage joué par Pierre Deladonchamp.


Empreint d'une certaine nostalgie numérique et d'un kitsch parfaitement assumé, le film n'oublie pas moins d'en être parfaitement contemporain. Le traitement visuel nous donne à voir dès le début du film une séquence d'ouverture pleine de fraîcheur et de trouvailles. C'est ce détail de traitement qui pourrait présager que le cinéaste vient de signer son actuel chef d'oeuvre et un film empreint d'une humanité rare.

MisterDiamondTempest
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2018

Créée

le 30 juil. 2018

Critique lue 216 fois

2 j'aime

Critique lue 216 fois

2

D'autres avis sur Plaire, aimer et courir vite

Plaire, aimer et courir vite
takeshi29
9

J'aime leurs petites chansons (d'amour) même s'ils passent pour des cons...

Pour ceux qui comme moi aiment "les gens qui doutent, ceux qui disent et qui se contredisent, et sans se dénoncer" Oui je comprends qu'on puisse reprocher des tonnes de choses à Honoré, que ce récit...

le 23 mai 2018

44 j'aime

13

Plaire, aimer et courir vite
seb2046
8

Jacques et le garçon formidable...

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE (2018) de Christophe Honoré Cette superbe romance en plein été 93, conte la rencontre entre Arthur, jeune étudiant breton de 22 ans et Jacques, un écrivain parisien qui a...

le 11 mai 2018

36 j'aime

7

Plaire, aimer et courir vite
Theloma
8

Quelques souvenirs de sa jeunesse

J'apprécie le cinéma de Christophe Honoré en général mais je reconnais que sur ce coup-là c'est bien la curiosité qui m'a poussé à aller voir son dernier film. Ayant appris que l'histoire, très...

le 16 nov. 2023

29 j'aime

29

Du même critique

Ava
MisterDiamondTempest
8

Critique de Ava par MisterDiamondTempest

Fuir l'histoire pour faire ses propres choix? Ce serait en tout cas pour moi le résumé le plus efficace pour raconter ce film. L'histoire n'est pas celle de la maladie d'Ava : le film ne veut pas...

le 8 juil. 2017

3 j'aime

Hollywood
MisterDiamondTempest
8

"Fuck Them"

Quelle autre manière aussi belle pour réhabiliter 34 années (sans compter une bonne trentaine d'années en plus) d'hypocrisie et de bêtise humaine ? Ce n'est pas simplement réécrire l'histoire, mais...

le 5 mai 2020

1 j'aime