Le cinéma de Christophe Honoré ne m’a jamais parlé, parce que je ne m’y suis jamais senti inclus. Pas tant à cause de ses envolées littéraires et verbeuses que de ses personnages figés, peu incarnés, presque décharnés. Les chansons d’amour par exemple était censé me renverser, il m’a juste laissé de marbre.
Pour ce film là, Honoré explique que la violence des réactions face au mariage pour tous lui a fait réaliser qu’il avait « merdé » en tant que cinéaste, et qu’il se devait de participer à une reconstruction de l’imaginaire collectif sur l’homosexualité, en collant au plus près de la vie de ses personnages.
Et cette prise de conscience évidente sert grandement le film qui semble enfin ouvrir la porte de son univers. Un univers toujours verbeux mais bien vivant, avec des personnages qui respirent, qui baisent et qui courent effectivement après le temps. Une course qu’Honoré a choisi de raconter en prenant son temps justement à contrario de son aîné 120 BPM au rythme plus ramassé. Un choix judicieux, car le film infuse, invite le spectateur dans l’intimité de ses personnages et ça change tout. Autre choix judicieux les jeux de contraste entre son couple de personnages, et les changements de tons bienvenus, le film oscillant sans cesse entre la la gravité et la lumière, la comédie et le drame. Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste sont parfaits pour illustrer ça, avec mention spéciale au second qui est parfait de nonchalance et d’émotion.
Le film laisse une sensation de charme tenace et des souvenirs déjà vivaces. L’air de rien, un film important.