Ce film est beau. Vraiment. Et Vincent Lacoste est convaincant. J'étais perplexe à l'idée de le voir dans un rôle comme celui-ci : "Vas-t-il jouer encore l'ado lourdo pas très sérieux qui aime amuser la galerie ?". Et bien non (ou pas totalement), il montre un jeu touchant et son personnage presque bohème m'a séduit malgré l'énervement que pourrait me provoquer la rencontre avec une personne de ce type.
Pierre Deladonchamps n'a plus à faire ses preuves dans le cinéma Français et il nous emmène vite à nous attacher au personnage qu'il incarne. Je crois que grâce à lui dans ce film, contrairement à beaucoup de film avec en toile de fond le VIH, il n'y a que peu de désarroi, et quand il est là, une méditation sur la mort s'impose comme un besoin de résilience.
Cependant une chose me chagrine. Je n'estime pas avoir vu tout les films avec des idylles homosexuelles homme mais je pense pouvoir prétendre être capable d'être un minimum objectif.
Bref, je constate la sur-représentation d'une vision ultra-sexualisée dans les films de ce genre. Le cinéma n'a pas que pour but d'offrir une prestation artistique, je crois qu'il doit aussi être représentatif. Parmi tout les films du genre, je vois des hommes coucher en nombre avec d'autres, baiser dans des lieux dégueulasses, se sucer en pleine rue et j'en passe. Étant moi-même concerné, cela me fait mal au coeur, car il y a trop peu de film sur des homos "calmes" qui choisissent surtout de cultiver la romance verbale. "Call me by your name" avait fait du bien justement sur cet aspect, il y avait une pudeur intéressante (il se murmure que la suite traitera aussi du VIH). Je ne pense pas que la plupart des homosexuels ont une obsession pour le sex. Je ne dis pas non plus que pour ce film, les personnages ont cette obsession. Il y a je dirais un équilibre sur cette question dans l'intrigue, mais là encore, cela me gêne qu'il y soit aussi visible et cru.
Il y a également beaucoup de film sur le VIH. Loin de moi l'idée de penser que cela n'a pas de pertinence, au contraire. Les films de ce type font sans doute parler beaucoup du sujet et c'est bien. Mais en terme ratio et de représentativité, on est pas bon. Je me mets dans la tête d'un cinéphile hétérosexuel qui ne connait pas d'homosexuel. Que va-t-il penser de notre "communauté" ? Que beaucoup parmi nous on le VIH et que nous adorons baiser n'importe où ? Toujours en terme de ratio, les films avec des romances hétérosexuelles sont-elles aussi sexualisées en terme de ratio ? Parle-t-on autant d'hétérosexuels avec le VIH alors que les chiffres tendent à s'inverser ? Je ne suis pas sûr.
J'espère que ma critique ne blessera personne. Je l'ai faites car je suis justement blessé par cette accumulation, de cette sur-représentation de personnages qui véhiculent les mêmes stéréotypes.