Revenir sur les premiers films de Jia Zhang Ke permet de juger de la persistance de ses préoccupations comme de l'évolution de son art jusqu'à la plénitude actuelle. "Unknown Pleasures" (en anglais puisque sinon on perd la référence à Joy Division, importante) a un sujet fort - l'aliénation naissante de la jeunesse chinoise au début du XXIème siècle alors que le monde semblait pour la première fois soffrir à elle - et une forme non moins impressionnante : la manière dont Zhang Ke utilise son expérience naissante du documentaire pour regarder ses personnages, dont il gère le "temps réel" sans pour autant tomber dans la lenteur qui aliène le grand public, est à proprement parler soufflante. Pourtant, ce qui frappe le plus le spectateur occidental dans "Unknown Pleasures", c'est sans doute la vision effrayante d'une Chine encore émergente (10 ans après, c'est pire, on l'a vu avec "Touch of Sin") livrée à une brutalité quasiment primitive, la violence sociale se doublant d'une inhumanité incroyable des rapports. Un beau film, peu plaisant certes, d'un réalisateur déjà exceptionnel.
EricDebarnot
7
Écrit par

Créée

le 13 févr. 2014

Critique lue 361 fois

3 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 361 fois

3

D'autres avis sur Plaisirs inconnus

Plaisirs inconnus
Pom_Pom_Galli
3

No future, no rich. THIS IS CHINA, BITCH !

Bon, il y a au moins une chose que j'aurai appris grâce à Jia Zhang-ke : en Chine, on se fait chier grave ! Plaisirs inconnus filme l'ennui. L'ennui de jeune chinois d'une vingtaine d'année qui...

le 26 avr. 2015

6 j'aime

Plaisirs inconnus
EricDebarnot
7

Vision effrayante...

Revenir sur les premiers films de Jia Zhang Ke permet de juger de la persistance de ses préoccupations comme de l'évolution de son art jusqu'à la plénitude actuelle. "Unknown Pleasures" (en anglais...

le 13 févr. 2014

3 j'aime

Plaisirs inconnus
Reymisteriod2
7

Il était une fois en Chine

Jia ZhangKe est assurément un cinéaste romantique, mais il est surtout le cinéaste de la Chine. Dans un film aux tonalités naturalistes, presque balzaciennes, proche parfois aussi de Zola, Jia...

le 1 févr. 2020

1 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

191 j'aime

115

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

190 j'aime

25