Soleil rouge (Le dernier voyage...)

Au Japon, dans un futur proche, le vieillissement de la population s’accélère. Le gouvernement estime qu'à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société et met en place le programme « Plan 75 », qui propose un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à leurs jours. Le film raconte le parcours croisé d'une candidate au plan 75, Michi, d'un recruteur du gouvernement et de Maria, et une jeune aide-soignante philippine.

Plan 75 est une dystopie dramatique japonaise de 2022 de Chie Hayakawa.

Le Japon connait l'un des taux de fertilité les plus bas du monde et c'est le pays où la longevité des seniors est la plus élevée. Le gouvernement considèrant les ainés comme une charge pour la collectivité propose un programme, le plan 75, qui permet aux personnes de plus de 75 ans de demander l'euthanasie contre le versement d'une rente de 100 000 yens et un accompagnement téléphonique et logistique.

Petit rappel

Pour la petite histoire, il faut savoir que le régime de retraite au Japon est celui de la capitalisation (et non de la répartition) (Si vous n'avez pas constitué de capital, vous devrez travailler jusqu'à votre mort), le pays est peu généreux en matières d'aides sociales et l'immigration y est exceptionnelle et choisie. Le Japon, c'est un peu le contraire de la France qui vit au dessus de ses moyens depuis 40 ans...Il est donc inutile, comme en France, de "bassiner" la population via les media avec la "règle d'or" et les critères de convergence sous la tutelle de l'Union Européenne pour repousser l'âge de départ en retraite (On pourrait d'ailleurs faire des économies ailleurs...) pour des pseudo questions d'équilibre des comptes publics puisque tout est affaire de choix individuel au Japon.

En dépit de ce contexte economique et social aride et d'une population docile jusqu'au sacrifice, les seniors japonais seraient encore visiblement de trop...

Et pourtant...

Bien qu'ayant peu d'enfants, le pays du soleil levant voit ses vieillards sombrer dans la solitude souvent abandonnés par leurs rejetons. La prise en charge des ainés par leurs progénitures ne fait pas partie des codes sociaux et culturels du pays du soleil levant. On mesure, si on ne le savait déjà, combien cette rupture du lien social est l'antichambre de la mort. L'individualisme japonais est mortifère. Certaines personnes agées en viennent d'ailleurs parfois à commettre des crimes et délits pour se retrouver en prison où elles seront prises en charge (Certaines prisons incarcérant des délinquants âgés se transforment même en maisons de retraite - https://www.francetvinfo.fr/monde/japon/japon-ces-seniors-qui-preferent-la-prison_3208753.html).

Michi

Le personnage central du film est Michi, une femme digne et sans famille qui n'a pas eu une vie facile. Elle exerce encore une activité salariée alors qu'elle est âgée de 78 ans. Elle n'a plus les moyens de subvenir aux besoins du quotidien. Après la mort d'une de ses amies plus âgées, elle s'inscrit au plan 75. On l'informe de tous les détails pratiques: possibilité de changer d'avis jusqu'au dernier moment, versement d'une rente de 100 000 yens, incinération en groupe possible...et gratuite. (...)

Ayant été prise en charge par Yoko, une jeune employée dans l'entreprise, Michi noue une relation chaleureuse bien qu'épisodique avec la jeune femme. Elle partage même avec elle une soirée bowling. Sans être spécialement compassionnel, le film est alors vraiment touchant, j'ai vraiment eu la "gorge serrée" lors du dernier entretien téléphonique, très émouvant, entre les 2 femmes....Il est vrai que les réalisateurs japonais (Notamment Kore -Eda) excellent pour tourner ces scènes chargées d'émotion, ponctuée de "non dits", qui font souvent monter l'eau du coeur aux yeux....

Une entreprise au business mortifère et rentable

Plan 75 connait un tel succès que l'offre s'adresse dorénavant aux personnes âgées de 65 ans et plus.
L'entreprise est cependant peu prolixe sur les incinérateurs qui tombent en panne pendant 48 heures, créant des "files d'attentes", ainsi que sur le recyclage des cendres et ossements dans les produits industriels, fabriqués à partir de ces "déchets". Même les séances d'euthanasie se soldent parfois par des échecs. Alors qu'elle attend allongée la mort sur un lit d'hôpital, masque chirurgical sur le nez, le gaz euthanasiant n'arrive pas. Michi se relève et quitte l'hôpital.....

Au final, plan 75 souffre tout de même de quelques défauts notamment en matière de script. Le film manque parfois de rigueur et se disperse autour de plusieurs personnages: Michi, le personnage principal, mais aussi Yukio lui aussi candidat au suicide assisté, qui est l'oncle d' Hiromi, un employé de l'entreprise ainsi qu'une immigrée philippine, Maria, qui a un impérieux besoin d'argent pour sauver sa petite fille victime d'une malformation cardiaque. Il eut été préférable de privilégier le personnage de Michi plutôt que de se disperser dans un film choral et de laisser certaines questions sans réponses.

Pour autant, Plan 75 est un film pertinent dans un monde gouverné par l'économie et le profit où l'on est souvent jugé en fonction de sa capacité à produire....et surtout à consommer. Or, même s'il existe un business des seniors, les "renards et renardes argentés" consomment moins que leurs petits enfants.

Trailer vf

Ma note: 6/10