Maintenant étudiante en cinéma à Paris, je goûte désormais à des connaissances et surtout une curiosité du milieu que je pensais ressentir jusqu'alors, mais qui était bien vaine.
Un de mes cours préférés, si ce n'est le plus singulier de tous, se déroule le jeudi soir où notre intervenant (il est pas prof, il est réalisateur... appelons le intervenant du coup) invite des êtres humains travaillant dans le cinéma. C'est vraiment chouette, car ça démystifie ce milieu qui pourrait paraître un peu fermé. Toutes les semaines, c'est une nouvelle personne. Toutes les semaines, c'est un nouveau corps de métier. Scénariste, producteur, distributeur, réalisateur de court-métrage... et enfin, celui qu'on attendait tous, réalisateur de long-métrage. Enfin, celle qu'on attendait. La semaine dernière, une réalisatrice est venue bavarder avec nous dans l'amphi.
C'était Rebecca Zlotowski.
J'avais jamais rien vu d'elle. Je ne la connaissais que de nom parce que j'avais regardé la bande annonce de Planetarium des tas de fois et que j'avais lu un article sur elle dans le Paulette doré du mois de novembre. En vrai, elle était très chouette et spontanée et belle. Son naturel me faisait presque oublier qu'elle avait approché de très près Natalie Portman (la légende). Enfin. Elle était rigolote mais je me souviens d'aucune anecdote concrète à vous écrire ici. Ah, si, elle a dit que pour réussir dans le cinéma il fallait coucher. Je retiens ce genre de chose hein forcément. Elle a parlé de Planetarium comme d'un tendre enfant, puis elle est partie une heure après pour présenter ce tendre enfant au Max Linder.
J'étais dans un état médiocre ce jour-là. Le matin-même à 8h, je repassais mon permis de conduire. A 8h30, je quittais la voiture d'auto-école et l'inspecteur. A 8h31, marchant seule sous la pluie, je pleurais parce qu'il a touché le volant et que les règles c'est les règles. A 10h22, un train me ramenait sur Paris. Comment vous dire que je n'étais pas en état de sourire et que Zlotowski La Championne a réussi à me faire décrocher des petits rictus incontrôlables à 20h.


J'avais envie d'aimer Planetarium. J'avais envie d'aimer ce film comme j'ai envie d'aimer tout le temps tous les jours. J’étais disposée à recevoir ce film.
Parce que Natalie Portman. Parce que j’étais si curieuse de découvrir la Lily-Rose Depp. Parce que dans la bande annonce y’avait "My Tunnels Are Long And Dark These Days" de Asaf Avidan et que cette musique réside dans mon cœur depuis qu’un personnage sourd que je jouais au théâtre la signait pour clore la pièce. Parce que tout le film est tourné avec la superbe Alexa-65. Parce que l’histoire et le contexte et les lumières et le rythme. Parce que les promesses.


Donc lundi soir, la tête et le cœur reposés de cet ultime échec précédemment mentionné, je suis allée poser mon derrière au Mk2 Bibliothèque qui est très cool et la place c’est 4,90€ (du jamais vu depuis 2004).


J’avais envie de l’aimer. J’ai attendu. Un bout de temps. Longtemps. Jusqu’au générique de fin. Mais rien n’est venu.
Bon, j’exagère, je n’ai pas détesté le film. Mais je ne l’ai pas aimé non plus.


En fait, je me suis rendue compte que ce projet ambitieux reposait malheureusement sur une histoire bien bancale et creuse. Il y a plein de thématiques : l’industrie du spectacle, la communication avec les esprits, les avancées technologiques, la famille, l’aube de la Seconde Guerre… Beaucoup de sujets traités à l’infime surface. Comme ce petit film d’eau qui suffit à faire casser la gueule à la voiture lors d’un aquaplanage (j’en peux plus de ce permis). Il y a trop de choses en même temps et donc on s’accroche à rien.
Natalie Portman et Lily-Rose Depp sont même pas convaincantes en sœurs si proches si fusionnelles blablabla. Y’a rien qui fusionne. Elles se disputent sur du vent. Elles se parlent sur du vide. C’est méchant de dire ça et ça m’embête mais j’étais à mille lieux de ressentir la chaleur fraternelle de certains binômes au cinéma. Alors oui, Natalie Portman est très belle et l’entendre parler français était un régal pour mes oreilles. Oui, elle crève l’écran à chaque passage (ce qui n'a pas changé depuis Léon (1994)). Oui, la voir jouer une actrice qui galère sur les plateaux parce qu'il y a le texte et l'équipe et elle sait pas ce qu'elle fait et c'est maladroit, m’a un peu attendrie. Oui, son rire est tout de même communicatif. Mais elle a rendu son personnage froid et parano et fade. Et puis la Lily-Rose Depp… Parlons-en. Elle est mignonne mais elle a surtout approché son personnage (qui était, selon moi, le plus riche) à la surface. J’aurais voulu que ça creuse. Qu’on l’entende penser. Qu’on la voie se poser des questions. QU’ON L’ENTENDE, BORDEL. Une ado qui a le don de communiquer avec les morts, elle a de quoi raconter, quoi ! Je sais que ça n’a rien à voir, mais même chez Burton, dans Beetlejuice (1988), une comédie, ben Winona Ryder aussi elle parle avec les défunts et elle, en revanche, elle apporte une vraie fraîcheur et fantaisie à son personnage et ça se voit qu’elle a bossé même si elle a pas le rôle principal. Pardonnez-moi de m’emporter un peu mais en tant que nana qui galère à trouver la façon pas trop casse-gueule de me faire une place dans cette industrie, ça me met hors de moi les jeunes de mon âge qui deviennent acteurs parce que papa et puis maman et qui ne bossent pas comme il faudrait (selon moi) et qu’ils pensent que tout est dû. Voilà c'est dit, à bon entendeur. La scène de la neige était très chou, ceci dit, et celle des perruches aussi. J’attends de voir ce qu’elle peut nous donner cette jeunette parce qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis et je veux pas devenir une vieille conne. En revanche, Emmanuel Salinger fut une belle découverte pour ma part. Posé, à l’aise, il savait ce qu’il avait à faire et ça se voyait. Le seul personnage convaincant.


Sinon, bien sûr que la photographie était magnifique et que la caméra très convoitée Alexa-65 offrait des couleurs envoûtantes. Bien sûr que j’ai aimé être spectatrice de ce capharnaüm. J’aurais juste voulu en voir plus, car je suis une vraie voyeuse au cinéma et au théâtre. C’est vrai.


J’avais envie d’aimer Planetarium. Ce ne fut pas le cas. Je suis irritée par cet affront. Mais j’aime tellement voir des femmes réalisatrices qui ont des idées et qui foncent et qui prennent leur place, ça c’est certain à 30000000%.

AndyDD
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le 22 nov. 2016

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AndyDD

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