PLANETARIUM (10,8) (Rebecca Zlotowski, FRA, 2016, 108min) :


Drame d’époque trop présomptueux narrant le parcours de deux sœurs américaines médium débarquant en France pour une tournée dans le Paris des années 30 où elles vont rencontrer un mécène producteur de cinéma. La talentueuse réalisatrice française ancienne élève de la FEMIS après le singulier Belle Epine (2010) et l’incandescent Grand central (2013) revient avec un projet très ambitieux et un casting international convoquant esprit et fantômes comme auparavant cette année, Olivier Assayas traitait le sujet dans son décevant Personnal Shopper. Alors cette fois-ci esprit es-tu là ? Il faut croire que mon âme cette année n’était pas prête à communier avec les forces de l’esprit si chères à François Mitterand. La faute ne se trouve pas à mettre sur le compte de la mise en scène plutôt élégante même si parfois un peu ampoulée et vaporeuse utilisant au mieux la toute nouvelle caméra Alexa 65 censée mieux capter les contrastes en basse lumière. Dès le début du film Rebecca Zlotowski semble vouloir construire un projet cinématographique hors-norme à la lisière du fantastique et foisonnant de sujets : le spiritisme en voulant dévoiler l’invisible, discours sur l’art du faux dans le domaine cinématographique, liens particuliers entre sœurs, histoire d’amour avec en toile de fond antisémitisme et montée du fascisme dans la France d’avant-guerre. Vaste et excitant programme ! Malheureusement aucun de ces enjeux n’est véritablement traité ! La narration s’avère laborieuse, complexe et l’œuvre au fur et à mesure semble s’enfoncer dans le confus avec une intrigue où les âmes semblent désincarnées illustrant de façon ironique les fantômes et l’invisible promis par le projet. Malgré certaines séquences fascinantes et oniriques notamment cette scène poétique où Laura suggère sa vision du monde à sa petite sœur sous un ciel étoilé « il faut quelquefois éteindre la lumière pour voir quelque chose » que l’on peut traduire aussi comme une certaine définition de la supériorité du cinéma sur la vie réelle. Les scènes de captations scientifiques assez réussies renforcent cet aspect-là, mais c’est bien trop rarement que le scénario au rythme inégal, parvient à illustrer avec force les multiples pistes de l’intrigue et le romanesque de cette histoire qui aurait pu trouver des résonnances actuelles avec la montée des extrêmes dans l’Europe d’aujourd’hui. On notera également la photographie qui rend grâce à la reconstitution des décors et des costumes assez convaincante malgré l’effet carte postale et la musique lyrique de ROB (Robin Coudert) somme toute assez variée et composée par de multiples instruments (Trombone, Tuba, Congas, Sifflements, Mandoline) demeurent bien trop présente pour combler le manque d’émotion du film. Quant au casting doré trois étoiles il ne se révèle pas à la hauteur de nos attentes : les deux sœurs dont l’alchimie ne convainc pas sont interprétées par une décevante Nathalie Portman rugueuse et assez fade et Lily Rose Deep au jeu spectral et inexpressif. Emmanuel Sallinger s’en tire mieux saluant son retour au premier plan avec une prestation touchante dans le rôle du producteur Korben. Venez-vous plonger votre âme dans l’indicible de cette intrigue tentaculaire version Planetarium. Un bel écrin épuré manquant de profondeur et d’émotions. Froid et décevant.

seb2046
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le 16 nov. 2016

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