Planète 51
5.3
Planète 51

Long-métrage d'animation de Jorge Blanco, Javier Abad et Marcos Martinez (2009)

Il y a un vrai reproche à faire à cette sympathique parodie de science-fiction, et autant s'en débarrasser tout de suite pour ensuite juger cette Planète 51 telle qu'elle est, à savoir une œuvre modeste mais rien de moins que délicieuse.
Mais avant d'apprécier pleinement le film et ses multiples qualités, il faudra encaisser la déception de voir Joe Stillman (pourtant excellent scénariste de Shrek et de la sitcom animée King of the hill) passer complètement à côté de son postulat originel aussi simple que grandiose : inverser le rapport humains / aliens bien connu des classiques de la SF.

Or en faisant de la populace de la Planète 51 une pure copie de l'Amérique sous Eisenhower (brushing, barbecue et soupçon de républicanisme progressiste) Stillman empêche d'entrée toute situation type « visiteur humain paumé sur un monde alien » et la féroce comédie qu'il aurait pu en tirer.
Au lieu de ça, Chuck, notre astronaute relativement stupide (Dwayne Johnson, étonnamment drôle et touchant) donne le sentiment de simplement débarquer dans un pays voisin dont il ignorerait deux ou trois coutumes, mais la proximité culturelle reste telle qu'il ne lui est pas difficile de prendre les rênes.

Passons donc, sur ce qu'aurait pu être Planet 51 pour regarder ce qu'elle est, à savoir un bonheur simple de cinéma.

Dès la scène d'introduction, on sent l'amour porté pour le genre SF dans ce qu'il a de pire comme de meilleur, de plus pertinent comme de plus kitch et surtout, au-delà des récents succès pour remonter jusqu'aux plus vieux monuments du genre. De Plan 9 from Outer Space à Wall-E en passant par les incontournables (E.T., Alien, 2001...) le film est truffé de clins d'œil plus ou moins appuyés (parfois un simple plan, parfois toute une scène) qui raviront les fanas du genre sans oublier de les faire rire.

Et les non-amateurs ? A vrai dire le film tire là sa force première de sa faiblesse de départ : en créant un univers aussi familier, il simplifie à l'extrême le processus d'identification et rend la planète tout à fait accessible aux spectateurs pas forcément fanas des petits bonshommes verts. En choisissant de culturellement bloquer ses créatures dans les années 50, le film s'offre une ambiance inattendue, entre remix des classiques de l'époque composant une B.O. géniale et intemporelle, des décors évoquant Grease ou American Graffiti bien plus que Mars Attacks, des références au-delà du genre science-fiction (voire l'excellente scène clin d'œil à Chantons sous la pluie) et un rendu double, celui d'être aussi allé voir un portrait d'une certaine Amérique, d'un certain "way-of-life".

L'esthétique est superbe, le rythme sans temps mort, le rire constant et le divertissement assuré pour tout un chacun, on pardonnera ainsi à Planet 51 ses quelques incohérences (l'avancée technologique des aliens difficilement conciliable avec leur ignorance de l'univers physique) et son absence quasi-totale d'impact émotionnel. Après tout une comédie peut se contenter d'être une comédie, et on appréciera d'autant plus celle-ci que sa modestie scénaristique ne la prive pas, dans les petites choses, de faire preuve d'une inventivité certaine, et au final, de constituer un plaisir total.
Julie_D
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le 14 août 2010

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Julie_D

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