Plastic China (2017) est une terrifiante immersion dans la Chine du XXIème siècle. 1er importateur mondial de déchets plastiques en provenance notamment du Japon, de Corée, de l'Europe et des États-Unis. La Chine importe des quantités industrielles de déchets afin qu’ils soient recyclés et revalorisés. Et il en faut du plastique pour créer la matière première nécessaire pour faire fonctionner le pays que l’on surnomme « l’usine mondiale ».
L’impact environnemental y est bien évidemment délirant (sans parler de la santé), les pays exportent leurs poubelles en Chine qui, après revalorisation (transformation) les réexportent à nouveau sous diverses formes (jouets, vêtements, mobiliers, …).
Jiu-liang Wang nous emmène à la rencontre de deux familles de paysans qui se sont reconvertis dans le tri et le recyclage du plastique. La première famille se démène pour gagner suffisamment d’argent pour scolariser leurs enfants et s’acheter une nouvelle voiture. Ces derniers emploient un père de famille accompagné de ses deux enfants qui ont quitté le Sichuan pour venir travailler (ce dernier refuse de scolariser sa fille, préférant dépenser l’argent qu’il gagne en s’achetant de l’alcool).
En dressant le portrait de ces deux familles très différentes mais unis par le travail, le réalisateur dresse aussi et surtout le portrait de la jeune Yi-Jie (11ans), qui rêverait d’aller à l’école (mais faute d’argent, face à un père qui dilapide ce qu’il gagne, elle doit se résoudre à travailler aux côtés de son père).
Ici, les déchets plastiques sont omniprésents, sur les bords des routes, dans les champs ou dans les cours d’eau, le plastique semble être la première ressource de la région tant il est partout dès que l’on pose notre regard quelque part, s’en est inquiétant. Les enfants évoluent au milieu des déchets plastiques, ils y jouent et font des cabanes à l’intérieur des montagnes de plastiques. Pour se nourrir, ils pêchent des poissons (morts) dans une rivière hautement polluée, le reste de la famille évolue au sein même de la décharge de plastique où ils y vivent et y travaillent, ils cuisinent même au milieu des déchets (quoi de mieux que du plastique pour entretenir le feu pour cuisiner).
Difficile de ne pas rester insensible lorsqu’on les voit tous s’afférer autour de ces déchets plastiques, enfants comme adultes, les voir à longueur de journée respirer des vapeurs toxiques pour un maigre salaire. Nous avons tous une part de responsabilité là-dedans et sincèrement, ça fait réfléchir.
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