Récit de guerre d'un jeune volontaire en plein conflit américain au Vietnam. Oliver Stone déguise à peine son récit, il raconte bel et bien son ressenti, sa propre expérience. Pas de façon autobiographique, mais de façon plus cinématographique.

Le jeune personnage incarné par Charlie Sheen est bien évidemment une projection d'Oliver Stone sur l'écran. Un jeune engagé volontaire, qui se définit lui même comme un enfant bien éduqué et qui a du recul sur ce qu'il vit. La considération patriotique noble lui a donné l'envie de s'engager volontairement. Il quitte la fac pour aller combattre au Vietnam. De façon un peu condescendante, Stone créé un personnage qui possède de la hauteur de vue sur ce qu'il voit et vit. Un peu comme le ferai un reporter de guerre, ou un cinéaste. Stone mêle dans ce personnage sa jeune personne en guerre au Vietnam et le réalisateur quarantenaire qu'il est lors du tournage. Habile mais un peu facile.

Le scénario nous fait suivre le parcours de ce jeune homme dans ce bourbier sans nom qui dégénère et voit les américains perdre du terrain. On suit donc l'escouade composé de différents caractères et de différents camps. Stone pose d'emblée les bases, il fait de son film un récit de guerre politique. Il scinde en deux camps les "bons", ceux qui veulent faire la guerre proprement et sans faire de dégâts collatéraux, tout du moins les limiter, et les "méchants", ceux qui n'en ont rien à foutre, qui sont loin de chez eux, qui considèrent les vietnamiens comme du bestiau à abattre, et qui en font ce qu'ils veulent ou presque. Deux camps pour bien montrer la complexité d'une guerre, et démontrer comment les hommes sombrent facilement dans la plus salle des cruautés quand ils n'ont plus aucune limite qui les retient. Ça aurait pu être très didactique, mais Stone ne se laisse pas piéger et brouille les cartes au fur et à mesure de son film. Intelligent.

Le film est souvent salué pour sa réalisation, ils ont bien raison. Le meilleur film en terme de réalisation, avec des plans qui sont restés dans la mémoire, et qui ont été depuis allégrement parodiés. La rançon du talent. La réalisation sait se limiter quand il faut faire rentrer le spectateur dans la tête de ses soldats. Au fur et à mesure, on devient l'un deux, on arrive à comprendre un peu leurs peurs, leurs détresses, leurs violences envers l'ennemi et envers leur groupe. La réalisation sait se faire oublier lors des instants de flottement, et c'est quand elle est le moins visible qu'elle en devient meilleure par la suite, quand elle se déchaine lors des moments de grande boucherie. Violente, apaisée, épileptique, flottante, la caméra de Stone passe par pleins d'émotions, qui suit le déroulement de son script. Il a parfaitement su adapter sa caméra à son scénario, et c'est ça qui démontre de toute la maitrise du sujet.

Le seul reproche, ou la qualité du film, c'est de scinder le camp du bien et le camp du mal comme deux camps politique. Stone a ses idées préconçues de la politique, et n'échappe pas à le montrer déjà dans ce film. Il était déjà à l'époque un réalisateur qui pense le cinéma comme un choix de philosophie, de discours et de démonstration. Tout l'étalage de ses tics de langage sont déjà présents. C'est le seul reproche qu'on peut lui faire, et qu'on lui fait toujours: imposer sa vision des choses comme celle qui prévaut. Son seul et unique problème, ne jamais réussir à contenir ses idéaux politiques dans son cinéma. C'est ce qui a fait sa renommée, mais c'est aussi ce qui limite la grille de lecture de son cinéma, malheureusement.

Le film politique sur la guerre donc, un long-métrage maitrisé, engagé qui démontre mais aussi impose son discours politique. J'y adhère, mais Stone fait son bisounours en pensant qu'on ne peut qu'y adhérer. Un peu contradictoire d'apposer le terme "Bisournours" sur un film qui démontre assez largement l'horreur de la guerre du Vietnam. Moi aussi, je suis pas à une contradiction près.

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le 15 juil. 2014

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Yellocrock

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