Enfin du slint dans un film, et français!
Le film est clairement indé, dans la mouvance nouvelle vague, cold wave, dans une ambiance molle et paisible qui restranscrit assez bien celle d'un bd indé américaine, loin de l'art du comics et ses super-héros: tout flotte dans une atemporalité de longue après-midi désoeuvrée genre années 90.
Ca parle de désirs, de rêves, d'ambition, sans vision, c'est assez spontanée et romantisé légèrement. Ce film aurait pu être fait à New York , tant l'intime dévore l'espace au dépit de la ville, mais il est à Paris: il aurait aussi pu être dans une bourgade américaine de la rust belt un peu urbanisée, car malgré le style de vie urbain des personnages, on est simplement sur un prolongement des films d'adolescence, des parcours d'apprentissage.
Le découpage semble bien celui d'une bd aussi, avec ses grand plans d'introduction de chaque nouveau lieu, puis ce refermement sur les personnages clés de l'action, à taille humaine ou à taille de visage, qui sont souvent bien marqués (Lescop est fascinant en noir et blanc), dont le noir et blanc fait ressortir toute la texture, tout en nuances de gris, comme les infimes variations amoureuses que Sophie ressent.
Ca a peu d'ambition autre que d'être une tranche de vie saupoudrée d'un vernis de romantisme un peu bleu, mais ce film est clairement hors de son temps.
Pas d'art ni d'essai ici, mais une mouvance des corps, de la spontanéité normcore d'une jeunesse qui arrive à la butée de l'age adulte, et qui frémit devant son propre statisme, mais qui a encore le bagout des jours heureux.