Le plan que je trouve le plus beau du film, cette touriste qui s'attarde sur un reflet de la tour Eiffel dans une porte vitrée alors qu'on veut lui faire visiter un marché ou l'on vend tout et n'importe quoi.

Il y a dans Playtime tout ce que développe Tati depuis son premier film, l'organisation de la vie et de l'espace à vivre comme mécanisme de déshumanisation, Mr Hulot intervient comme toujours en désorganisateur humanisant tout sur son passage. Tati en homme éclairé invente avant tout le monde l'open space qui contrairement à son nom sépare les hommes au lieu de les rapprocher. Tout comme ces façades de verre qui deviennent un labyrinthe ou tout devient compliqué, pourtant Tati n'a rien d'un réactionnaire opposé à la technologie, il voudrait juste comme Chaplin avait pu le dire dans son discours à la fin du Dictateur que le progrès technique serve les Hommes, les rapprochent. C'est sans doute dans cette optique qu'il crée cet univers froid, où tout est symétrique ou fausse piste à cause de reflets, les gens se croisent mais n'échangent pas. Les touristes eux sont comptés, aiguillés comme s’ils étaient incapable de prendre une décision, c'est dans cette optique que la touriste américaine un peu à l'écart du groupe est perdue, elle souhaite prendre son temps mais le bus l'attend. Plusieurs fois elle croisera Mr Hulot qui déambule selon ses envies et les gens qu'il croise.
Pour vraiment se rendre compte du génie de Tati sur un tel film il faudrait faire un arrêt à chaque plan pour saisir tout son langage. La richesse de son film me dépasse, je trouve aussi une ou deux longueurs notamment lorsqu'il est dans l'appartement donnant sur la rue. Mais c'est si peu de choses, surtout au vu des innombrables idées de génies qui parcourent le film , comme le portier et sa poignée, grand moment de non-sens.
Et une fois de plus Tati soigne sa fin, c'est un échange, monsieur Hulot est sous le charme de cette touriste qui n'aime guère jouer les moutons, ils se disent au revoir alors qu’ils ne se reverront sans doute jamais, c'est assez touchant.
Ca ne m’étonnerait pas que dans 10 ans, j'ai vu 10 fois ce film, comme Mon Oncle ou Jour de fête d'ailleurs.
Biniou
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top Jacques Tati, Liste à remplir de 1001 films... et Inventaire

Créée

le 23 juil. 2012

Critique lue 2.9K fois

61 j'aime

3 commentaires

Biniou

Écrit par

Critique lue 2.9K fois

61
3

D'autres avis sur Playtime

Playtime
Biniou
8

Critique de Playtime par Biniou

Le plan que je trouve le plus beau du film, cette touriste qui s'attarde sur un reflet de la tour Eiffel dans une porte vitrée alors qu'on veut lui faire visiter un marché ou l'on vend tout et...

le 23 juil. 2012

61 j'aime

3

Playtime
SUNSELESS
8

enilua je te dédie cette centième critique, parce que tu me l'as gentiment demandé.

Tati c'est avant tout une gestuelle, une affaire de mime et du bruit. Dans Playtime nous assistons à une véritable montée en puissance de la vitalité et de la festivité. Le début du film est à...

le 16 déc. 2011

46 j'aime

7

Playtime
Grard-Rocher
8

Critique de Playtime par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Que se passe-t-il donc pour notre Monsieur Hulot? Il est à Orly sagement assis seul dans un hall désert et aseptisé où un homme de ménage tente une timide apparition. Puis soudain désordre, cohue,...

39 j'aime

15

Du même critique

Rio Bravo
Biniou
10

Critique de Rio Bravo par Biniou

Hum, Rio Bravo de Howard Hawks, qu'est-ce qui fait que j'aime ce film à la folie ? Il n'y a pas 150 raisons, c'est juste une histoire de jubilation. Rio Bravo c'est presque un film à sketches, lié...

le 16 juil. 2012

54 j'aime

18

La vie est belle
Biniou
10

Critique de La vie est belle par Biniou

C'est marrant comme parfois l'on reproche à un film son évidence. Capra est un humaniste (utopiste ?) pur et dur, mais ça ne l'empêche pas d'être réaliste et c'est sans doute grâce à cela que ses...

le 26 mai 2012

39 j'aime

11

Projet X
Biniou
1

Critique de Projet X par Biniou

Le principal argument des personnes défendant ce film est qu’il représenterait une certaine jeunesse, une soit disant génération MTV toujours plus bête et dépravée et qu’il serait à travers cela un...

le 10 févr. 2013

32 j'aime