Cette adaptation du roman de Patricia Highsmith est un film noir à la française d'une perfection éclatante, c'est devenu un classique, et certains critiques à l'époque ont comparé la maîtrise de René Clément avec celle d'Hitchcock ; c'est vrai qu'on y retrouve quelques similitudes dans la construction, dans la manière d'amener le meurtre, dans sa froide exécution, et dans quelques détails. Pourtant critiqué par la Nouvelle Vague pour son soi-disant manque de style, René Clément prouve non seulement qu'il sait varier les genres avec la même maîtrise, mais aussi que grâce à ce film, il occupe la meilleure place de la tradition française du "réalisme psychologique" dans les années 50.
Avec la photo de Henri Decae, la musique de Nino Rota, et son merveilleux trio d'acteurs, le film joue sur la séduction, la tension et le mystère ; c'était le premier film de Marie Laforêt qui fera une courte carrière d'actrice avant de devenir chanteuse, mais c'est surtout l'un des sommets de la carrière d'Alain Delon, alors beau comme un dieu, qui en incarnant cet ambigu monsieur Ripley, trouve son premier vrai grand rôle, peu après avoir été propulsé par Visconti dans Rocco et ses frères l'année précédente. Et c'est aussi sa première réunion avec Maurice Ronet dans des rapports assez troubles que les 2 acteurs reprendront plusieurs fois dans d'autres films, notamment la Piscine. Un polar machiavélique et nettement plus brillant que son remake le Talentueux monsieur Ripley en 1999 avec Matt Damon.