Pleine lune
5.8
Pleine lune

Film de Eric Red (1996)

Ah, merci le scénariste ! Merci d’enfin nous proposer une histoire qui nous donne direct l’identité du lycanthrope, et qui place son intérêt ailleurs. En l’occurrence, une fois rentré dans son état natal, notre homme vit en hermite, perdu dans une forêt où il tente de vivre ses crises de transformation en faisant le moins de dégâts possibles. Mais les morts s’accumulent, et bientôt, il est contraint de fuir la police, et se réfugie chez sa sœur, mère célibataire d’un petit gamin blond (celui qui joue Denis La Malice ^^ habile carrière, le petit !). Mais leur chien flaire l’entourloupe, et se comporte de plus en plus bizarrement en présence de l’oncle. Une ambition inattendue de traiter l’animal comme un personnage central du récit, impliquant un dressement au poil de la bête, qui s’acquitte de son rôle avec un charisme qui n’a rien à envier au Lassie de notre enfance. L’angoisse n’est plus la menace invisible qui rôde, elle est omniprésente ici. Si le film s’accorde (hélas) une gestion temporelle discutable en resserrant les périodes de pleine lune au montage (les mois ont l’air de s’écouler en 2 ou 3 jours), il va à l’essentiel, en s’offrant déjà les moyens de ses ambitions. Il est d’ailleurs probable que leur loup-garou soit basé sur les travaux de Rob Bottin, tant son impact est efficace (malgré la scène de transformation qui a vieillie, la faute à des morphings pas très jolis qui font datés). Les enjeux sont limpides, l’aspect malédiction est bien rendu, et surtout, le suspense parvient à payer, de même que l’impact émotionnel. Il est rare qu’une série B d’horreur des années 80 parvienne à émouvoir (d’ailleurs, les clichés sont légion ici, à commencer par le jubilatoire vendeur de porte-à-porte tentant inévitablement d’arnaquer et d’intimider les gens qu’il croise, victime idéale désignée d’office), et Pleine Lune y arrive de temps à autre (le chien emmené à la fourrière, la culpabilité du loup garou), par l’intermédiaire d’une certaine subtilité du traitement des personnages. Après, l’intrigue en elle-même ne l’est pas (les ingrédients sont minimalistes), mais son postulat original lui assure au moins une certaine part de surprise, et quelques petits effets gores minimalistes, appuyant les apparitions impressionnantes du monstre, donnent assez de poids au film pour y prendre un authentique plaisir cinéphile. Le plaisir nostalgique, allié à la découverte méconnue, ce sont les ingrédients parfaits pour la petite soirée fantastique honnête.
Voracinéphile
7
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le 9 avr. 2014

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