C’était sympa !


Les trois Franju que j’avais vus jusqu’alors étant tous les trois très différents (jugez plutôt : Les Yeux sans visage, Thomas l'imposteur, Le Sang des bêtes), je ne savais en conséquence pas trop à quoi m’attendre avec celui-ci en le lançant et, effectivement, ce Pleins Feux sur l'assassin ne ressemble à aucun des trois films précités.


Il commence pourtant avec une scène très mystérieuse, muette et étrange, qui m’a immédiatement fait imaginer que le film serait un conte poético-macabre dans l’esprit des Yeux sans visage (la présence de Pierre Brasseur n’y étant certainement pas étrangère), mais en fait non, pas du tout, puisqu’après cette introduction pour le moins énigmatique, le film démarre, on rencontre les personnages que l’on suivra vraiment, et l’on comprend enfin ce qui se tramait dans l’ouverture (pour les esprits limités comme le mien, nul doute que toi qui me lis l’aura compris aussitôt). Et l’on bifurque en fait sur un policier type Agatha Christie, où le jeu ne va pas tant consister à trouver le corps du défunt qu’à déterminer qui peut bien dézinguer méthodiquement tous ses héritiers.


Et ma foi, ce spectacle s’avère tout à fait plaisant, puisque d’une part je suis assez bon client de ce type de whodunits (entre autres parce que je suis une véritable quiche en la matière et que je me laisse in fine toujours surprendre – et celui-ci n'a pas fait exception à la règle) ; et d’autre part parce que ledit spectacle est très convenablement troussé (Franju n’étant pas un manche) et porté par une distribution impeccable – un tout jeune Jean-Louis Trintignant en tête. Et surtout, il prend place dans un décor de cinéma super, à savoir un château et son lac, château dont on sait en outre qu’il renferme des passages secrets, une révélation qui donne libre cours à tous les fantasmes cinéphiles. Et du coup, tout en restant très léger (en dépit des morts qui s’enchaînent à l’écran), le film baigne tout du long dans une ambiance mystérieuse vraiment sympa, autant en termes visuel (très beau noir et blanc) que sonore (merci Maurice Jarre).


Une ambiance qui trouve son paroxysme lors d’une longue séquence de spectacle son et lumière dans la cour du château, spectacle qui va évidemment voir se mêler la légende et la réalité à l’occasion d’un final très réussi.


Et en parlant de final, je dois bien avouer m’être laissé piéger par une fausse piste assez retorse. Présentée de façon si anti-spectaculaire qu’elle m’a choqué sur le coup, me faisant me dire que putain c’est surprenant mais couillu ; puis une fois résigné, eh bien en fait non, je suis juste tombé dans le panneau comme un bleu.


Bref, c’est sympathique comme tout ! Bien mené, mystérieux et amusant.


ServalReturns
7
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le 30 nov. 2023

Critique lue 35 fois

ServalReturns

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