Podium par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Qui ne peut être un meilleur Claude François que Bernard Frédéric son sosie? Personne d'après cet inconditionnel de " Cloclo ", marié à une femme charmante Véro et père de famille. Pour Bernard Frédéric, son idole est plus qu'une passion, il lui voue un véritable culte. Disques, affiches, tenues de scène, rien n'est trop beau pour perpétuer le souvenir. De plus, notre sosie donne quelques représentations, accompagné non pas par les "Clodettes" mais par les " Bernadettes". Son ancien collaborateur dit "Couscous" lui suggère fortement de se présenter à "La Nuit des Sosies", émission en prime time d'une grande chaîne de télévision. L'occasion et l'enjeu sont énormes et le meilleur Claude François de sa génération va tout mettre en oeuvre pour remporter cette épreuve. Mais un détail d'importance vient quelque peu entraver cet enthousiasme, c'est sa femme Véro à qui son mari échappe. Étant de plus en plus impliqué dans sa passion, il met en péril l'avenir de son couple et de son enfant. Comment Bernard Frédéric va-t-il pouvoir gérer cette situation ?
Yann Moix, réalise avec "Podium" son premier film. Il a également contribué au scénario et sorti parallèlement un livre sur ce sujet. Je vous confiais aimer parler des premiers films et là, je ne suis pas déçu. En entrant dans la salle, je m'attendais à voir un énième hommage larmoyant à Claude François. Pas du tout, Yann Moix a pris en fait ce personnage afin d'analyser un être quelconque entrant dans le culte de la personnalité. Bernard ne renie pas sa personne dont il est au contraire très fier, mais il s'identifie à la vie de son personnage jusque dans ses moindres détails. Il est pointilleux, misogyne, égoïste et prétentieux. Il tyrannise sans cesse ses "Bernadettes"en leur faisant subir sans cesse des tests sur leurs connaissances sur Claude François. Comme un drogué s'entoure de drogués, Bernard Frédéric ne se sépare pas de "Couscous" dit Michel Polnargé, lui-même se disant sosie de Michel Polnareff . Au milieu de tout cela, son épouse tente de lui faire entendre raison, mais, comme un toxicomane, il replonge encouragé par son ami.
Tout cela est triste et pitoyable. Même si parfois le sourire nous vient, compte tenu de certaines situations cocasses, il n'en demeure pas moins que nous assistons à la détresse d'un homme qui a peur de vieillir par crainte de ne plus être un jour Claude François et qui vit un véritable cas de conscience, contraint de choisir entre sa famille et son idole. Dans ce rôle délicat, Benoit Poelvoorde, à contre-emploi dans ce film, est absolument sublime. Il incarne son personnage avec justesse et sensibilité. Bien entouré par Jean Paul Rouve, le mauvais génie et Julie Depardieu, la raison et l'épouse modèle, j'ai assisté ici à son meilleur rôle depuis le début de sa prometteuse carrière. Quant à Yann Moix, à la vue de son premier film, je ne peux que lui souhaiter une longue et brillante carrière dans la mise en scène.
Laissez-vous donc tenter par cet instant de détente et d'émotion. Le film est certes égratigné par beaucoup de critiques mais la mode actuelle n'est-elle pas de sous-estimer le cinéma dit "populaire"? Qu'importe, je défends ce film.