En 1970, la critique du Figaro écrivait : "Johnny Hallyday triomphe des incertitudes qui semblaient contrarier sa carrière cinématographique. On devine chez lui un tempérament , des qualités humaines qu'on ne soupçonnait pas".
C'est en effet un polar psychologique méconnu, un vrai film d'atmosphère qui prouve que l'acteur Johnny Hallyday pouvait être intéressant et juste. Le registre choisi est celui du polar qui tourne à la tragédie, et Robert Hossein, ami de Johnny à l'époque, ne s'est pas trompé en le choisissant pour ce rôle de geôlier humain et quasi muet ; il lui offre un vrai rôle dramatique qui le change des bluettes pour ados servant de vitrine promotionnelle à sa carrière de chanteur. Ici, il ne chante pas.
D'où viens-tu Johnny?, c'était sympa mais sans grande profondeur, tandis que là, Johnny prouve une vraie dimension d'acteur. La réalisation est épurée, le rythme est lent, il y a une ambiance étrange, partagée entre l'attente et l'amertume, tout en utilisant le thème du ravisseur qui se prend d'affection pour son otage. Le tout est soutenu par une jolie musique accentuant ce désespoir teinté d'un romantisme noir derrière lequel plane la mort.
Le casting très réduit, se limite à 4 acteurs, outre Johnny dans le rôle du geôlier, et Pascale Rivault qui joue l'adolescente kidnappée, il y a les 2 truands qui sont incarnés par Robert Hossein en personne et Albert Minski ; un cinquième personnage de flic joué par Robert Dalban intervient discrètement, c'est lui en fait qui imagine et analyse en flashback le déroulement de l'action qui s'est jouée dans cette vieille cabane de pêcheur, d'après le cahier laissé par la jeune fille. En 1h20, Robert Hossein filme dans un décor désolé de plage dans la région de Royan, un polar étonnamment dépouillé qu'il est urgent de redécouvrir.